Ozma

20/11/2016

Fossé des Treize - Strasbourg

Par Jean-Philippe Haas

Photos: Jean Isenmann

Site du groupe : http://www.ozma.fr/

Setlist :

Goldi Boldi - Cashmere Weekend - My Favorite Regret - Krefeld Mon amour - Electric Lament - Flat Tire at Durban Market - Concerto for Sharks - Magnus Effect - Vent de Terre - He Saved the Girl (Once again) - Gluten Free

On les avait vus en concert à Illkirch en 2014 en formation resserrée, on les retrouve deux ans plus tard, riches d’une tournée européenne, d’un trombone et d’un nouvel album au visuel inoubliable, Welcome Home. Un titre en forme de clin d’œil au retour de Guillaume Nuss. C’est au Fossé des Treize que les Alsaciens présentent, entre autres, le successeur de New Tales.

C’est flagrant : Ozma est heureux de revenir « à la maison » et de pouvoir présenter son dernier-né à un public de connaisseurs conquis d’avance. Avec ce retour à la formule « quintette », c’est comme si les membres historiques, Stéphane Scharlé (batterie), Édouard Séro-Guillaume (basse) et le « revenant » Guillaume Nuss (trombone) ne s’étaient jamais quittés. L’émotion est tangible. Julien Soro (saxophones) a, lui, déjà un concert dans les jambes puisque son duo avec Raphaël Schwab – les deux musiciens, qui jouent également avec Ping Machine, viennent de sortir un disque sur l’excellent label Neuklang – s’est produit un peu plus tôt dans la soirée sur les mêmes planches. Un échauffement qui ne va pas l’empêcher de se montrer d’un enthousiasme sans faille. Quant à Tam de Villiers (guitare), le dernier à être arrivé dans l’équipe, il va démontrer tout au long du show, malgré un œil souvent rivé à ses partition, qu’il est vite devenu un élément indispensable au jazz rock aventureux d’Ozma.

On découvre un collectif très à l’aise avec de nouvelles créations déjà bien rodées sur la route : « Krefeld Mon Amour », en hommage à l’accueillante ville allemande où le groupe a pris l’habitude de jouer, « Magnus Effect », « Cashmere Weekend », « Goldi Boldi », « Flat Tire At Durban Market », « My Favorite Regret »… ou autant d’ambiances différentes. Presque tout l’album y passe, séduisant d’emblée ceux, dont Chromatique, qui ne l’ont pas encore écouté. On est embarqué dans un voyage plein de rebondissements, car la musique d’Ozma raconte des histoires et visite toute la gamme des émotions : joie, mélancolie, contemplation, extase, nostalgie… Très variées, les compositions jouent sur les alternances entre les instruments électriques et le duo saxophone/trombone, peignant des paysages de toutes les couleurs, éclatantes ou pastels. Brassant les genres musicaux aussi adroitement que leur région natale brasse la bière, la joyeuse bande laisse la porte de son jazz ouverte au rock, au blues, à la funk, de telle sorte que son potentiel de séduction agit immédiatement sur tout mélomane un tant soit peu ouvert d’esprit.

La conquête du public par les Cinq passe aussi par leur présence scénique, et particulièrement celle de Guillaume Nuss, habité par son instrument. Le beau diable se déhanche, entre épilepsie et pas de danse, comme si un nid de frelon s’était installé quelque part. Julien Soro fait bonne figure également, esquissant même parfois un début de chorégraphie avec son partenaire du devant de la scène. Ozma n’est pas un ensemble de cinq individualités mais bien un groupe véritable où tous les membres interagissent, participent de concert et savent s’effacer lorsque c’est nécessaire. Et si chacun y va de son petit solo, c’est avant tout pour servir l’intérêt général. Les spectateurs ne s’y trompent pas et appellent de leurs cris enthousiastes et applaudissements un rappel qui, furieux, clôt un concert en tous points passionnant. Le 13 décembre, Ozma se produira au New Morning à Paris. Une date emblématique qui conclura en beauté une année bien remplie.