TesseracT - Conceiling Fate EP
Sorti le: 23/12/2010
Par Nicolas Soulat
Label: Century Media
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S’il est probablement prématuré d’utiliser le mot pionnier concernant une scène musicale qui n’a pas quatre ans, TesseracT semble pourtant faire partie de ces jeunes talents qui ont su fédérer au fil d’un apprentissage musical ciblé les ingrédients essentiels du Djent. Abonnés aux guitares gutturales, aux mélodies emo-jazz et aux asymétries, voici maintenant plusieurs années qu’à la manière d’un Misha Mansoor (Periphery), ces jeunes Anglais officient dans leur laboratoire, distillant un son brutal mâtiné d’une clarté touchante et innovante.
Si la comparaison avec Periphery peut paraitre inévitable dans un premier temps, elle disparait bien vite tant la personnalité de TesseracT se démarque à merveille dans des domaines très précis à peine effleurés par les Américains. La stratégie consiste à travailler les sons clairs jusqu’à la moelle pour en faire ressortir une sensibilité, que l’on peut d’ailleurs retrouver dans le trip-hop, et à pérenniser ces échos sur tout un morceau en leur attribuant la même importance qu’aux distorsions.
Il faut saluer au passage les grosses possibilités de l’axe-FX qui permet une véritable sculpture des thèmes grâce à des effets de qualité et à une simulation de lampes très réussie. Cette chaleur peut ensuite se glacer au contact de grosses rythmiques syncopées, certes réglementaires, mais plutôt entêtantes sans être toutefois inoubliables. Dernière petite touche à l’ensemble et non des moindres, le travail du chant privilégiant la douceur d’une voix claire très agréable ; vocaliste qui succède d’ailleurs à un prédécesseur déjà très doué figurant sur la première démo du groupe.
Le tout forme donc une entité bien définie aux antipodes des autres formations de la même scène, puisant une inspiration beaucoup plus douce et nocturne qui camoufle les attaques frontales de gros riffs derrière des formes mélodiques très aguichantes. La production un poil décevante ajoute d’ailleurs à cette impression de non-violence qui réduit quelque peu le spectre des compositions, d’autant plus que les harmonies choisies auraient mérité de plus grosses prises de risques. Mais qu’importe, voilà une belle et grande réussite et qui repousse, une fois n’est pas coutume, les limites d’un néo-metal progressif en plein essor.