SBB - Blue Trance
Sorti le: 02/12/2010
Par Florent Simon
Label: Metal Mind Productions
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Le Silesian Blues Band, le plus culte des groupes polonais d’obédience progressive, formé en 1971 et véritable machine à publier des disques, est de retour pour son cinquante-cinquième (!) album. Malgré le fait que ses membres originels soient considérés dans leur pays d’origine comme les musiciens qui ont révolutionné le rock polonais, ce n’est pas vraiment le cas pour le reste du monde, et ce depuis la fin des années soixante-dix.
Cet ouvrage est annoncé par leur label comme un subtil mélange entre la sincérité du blues et la liberté du jazz, mais l’auditeur n’y trouvera en tout et pour tout que slows niais et rock-pop sans saveur. Les morceaux qui le composent sont dénués d’énergie, bien loin des prestations plus agréables de leurs dix premières années d’existence et leurs instrumentaux diaboliques et autres morceaux aériens, malgré une certaine tendance à maximaliser leur musique à outrance – cette fâcheuse habitude leur vaudra d’ailleurs l’exploit de rendre leur discours musical encore plus boursouflé qu’Emerson Lake & Palmer !
En dehors de quelques passages sympathiques qui se comptent sur les doigts d’une main, Blue Trance est composé la plupart du temps d’une grille mélodique molle et prévisible, candide et dénuée de détails si caractéristiques à la musique progressive. Peu de morceaux suscitent un vif intérêt, même ce « Szczescie Jak Na Dloni » qui plagie partiellement le thème d’« In the Court of the Crimson King »…
La voix archi-présente du chanteur constitue une peine pour l’amateur de ce style éculé, entre les sautes vocales d’un John Wetton chez King Crimson, la banalité de la guitare et la surenchère synthétique du Polymoog achevant de dévaluer cet album à grand coups de soli structurés mais insipides.
Cette formation, pourtant adulée dans son pays, anéantira donc encore une fois tout espoir de les voir briller hors d’une musique oscillant entre le cliché et le morne, et ce malgré une production propre améliorant l’écoute parfois laborieuse. Le résultat s’appréciera davantage comme fond sonore que comme une œuvre progressive moderne et réussie.