Twelfth Night - MMX
Sorti le: 28/10/2010
Par Jean-Philippe Haas
Label: autoproduction
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La réunion d’un groupe mort et enterré depuis plus de vingt ans peut sembler curieuse au sein d’un courant musical qui n’est pas réputé pour assurer la subsistance de ceux qui s’y engouffrent. Celle de Twelfth Night apparaît comme d’autant plus surprenante qu’aucun projet de nouvel album n’en est à l’origine.
Et pourtant, bien qu’ayant emprunté des chemins fort différents, les musiciens reprennent contact au milieu de cette décennie ; puis en 2007 parlent de se revoir, de rejouer ensemble, etc. Un concert a lieu, puis deux, puis trois, et finalement, le groupe repart dans une dynamique de scène, avec rééditions, biographie officielle et exhumation de matériel inédit en prime, rien que ça.
MMX présente ainsi un concert enregistré en mai 2010 à Wath-upon-Dearne. Et pour pallier l’absence d’Andy Revell et de Rick Battersby, quelques nouvelles recrues viennent prêter main-forte au trio Mitten / Sears / Devoil : deux « jeunots », Dean Baker aux claviers et Mark Spencer en homme à tout faire (guitare, basse, claviers, chœurs, café, plomberie…), ainsi qu’un autre vétéran de la scène néo-prog en la personne de Roy Keyworth (Galahad) à la guitare.
Devant une audience tout acquise à sa cause, le « nouveau » Twelfth Night prouve que ses titres ont toujours autant d’impact sur scène. Ces papys du néo-prog ont beau avoir perdu leur belle chevelure et quelques dioptries, ils ont encore de beaux restes et conservent un enthousiasme intact. Mais s’il fallait extraire une performance particulière de ce concert, il s’agirait sans conteste de celle d’Andy Sears, dont la voix après tant d’années de silence est plus puissante, mûre et emphatique que jamais.
Habités par son interprète, les grands titres de l’histoire des Britanniques révèlent leur potentiel scénique. Et si Andy ne parvient pas à faire oublier les « We Are Sane », « Creepshow » et autres « The Collector » de Geoff Mann, il réussit à s’approprier ces titres et à les communiquer au public avec sa propre sensibilité.
Certaines compositions, et notamment les grands classiques du groupe sus-cités, n’ont pas pris une ride, tandis que d’autres ont été brillamment réarrangées pour une interprétation plus intime (« The Craft », la partie centrale de « Take A Look » ou encore « First New Day », interprétée seul par Andy Sears au piano électrique). C’est également l’occasion de redécouvrir l’efficacité de « Last Song », « The Craft » et « Theatre », autant de tubes en puissance qu’une meilleure étoile aurait sans doute projetés sur le devant de la scène il y a un quart de siècle…
Les quelques imperfections que le mélomane pointilleux détectera dans l’interprétation sont totalement balayées par l’énergie positive et l’enthousiasme qui se dégage du show. De même pour la production modeste et le montage parfois maladroit qui n’ont pourtant guère à rougir devant d’autres produits plus professionnels. La version du DVD commentée dans la présente chronique est dénuée de bonus, mais vaut déjà son pesant d’émotions. Sont prévus entre autres des entrevues audio avec les membres du groupe, une démo instrumentale inédite de « Take A Look » datant de 1986, les visuels de la tournée, et des coulisses de concert.
Témoin d’un retour gagnant pour cette formation si différente et si attachante, MMX vient rejoindre, aux côtés de Fact and Fiction, Collector’s Item, Live and Let Live et XII les quelques disques de Twelfth Night absolument indispensables à tout amateur éclairé du progressif des années quatre-vingt.