Eryn Non Dae. - Hydra Lernaïa

Il suffit parfois de se servir d’une quelconque mythologie pour y dénicher le nom de son groupe ou de son album. Dans celle de la Grèce Antique, Héraclès est amené, dans sa course aux douze travaux, à défier l’hydre à neuf têtes. Et à l’écoute de cet album, c’est ce combat qui se joue : une lutte acharnée pour rétablir l’ordre au sein du chaos. Les éléments se déchaînent tout autour de formes mouvantes, composées de chair et de sang, le sol tremble sous les cris, tandis que retentissent des coups assourdissants.

Le spectateur reste pantois au sommet du Panthéon, les Dieux se frottent les mains face à cette vision d’instinct primitif, d’élan guerrier, de sauvagerie barbare et d’intrépidité intense… pourtant si délicate. Le scénario est béton, tout comme l’ensemble de ce disque aux allures manifestes de l’intelligente brutalité de ce metal moderne évolué. Il suffit de jeter une oreille sur « When Time Elapses » ou « The Decline and the Fall » pour s’en rendre compte.

Les Toulousains ont absorbé diverses influences, les recrachent avec passion sans tomber dans le plagiat ou la pâle copie nauséabonde ; on ne peut s’empêcher néanmoins de les rapprocher d’Hacride. Les musiciens font ressentir leur hargne, la production mettant nettement en évidence ce point. Férocité, pesanteur, mélancolie voient leur effet décuplé par la puissance naturelle des sonorités expulsées. La basse sonne monstrueusement bien, tout comme le reste : radieuse apocalypse.

Sludge aux accents death metal technique et doom progressif, ce groupe français illustre parfaitement la montée en puissance des formations hexagonales. Eryn Non Dae. assène un coup d’une violence dont on aimerait ressentir les effets perpétuellement. S’il est peu évident de détacher certains riffs ou mélodies des autres, de par cette incandescence homogène irradiant Hydra Lernaïa, l’auditeur passe par de nombreux sentiments et coupe chacune des têtes de l’hydre comme il écoute les titres qui composent cet excellent album.