Black Mountain - Wilderness Heart
Sorti le: 23/09/2010
Par Florent Simon
Label: Jagjaguwar
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En 2005, ils avaient suscité la curiosité avec leur album éponyme aux accents rétro bariolés de hard rock et de psychédélisme soixante-huitard. En 2008, ils avaient définitivement marqué l’essai en publiant In The Future. Black Mountain est de retour avec son lot de questions. Qu’en est-il de la verve du quintette canadien, qui semble n’avoir que peu changé la formule (une dizaine de morceaux, une pochette à l’esthétique presque kitsch et des sonorités humant les seventies à plein nez), si ce n’est que la durée des titres dépasse rarement les quatre minutes ? Le groupe a-t-il atteint une nouvelle fois des sommets ?
Avec « The Hair Song », le groupe laisse augurer le meilleur tout en rappelant Led Zeppelin (rythme asymétrique, son de mellotron) et l’ère Nixon. Les morceaux s’enchaînent mais ne se ressemblent pas et Wilderness Heart se révèle rapidement inégal, entre compositions tantôt attractives, tantôt sans chaleur. Seul point commun, la musique navigue toujours dans ces ambiances et ces sons sortis de l’âge d’or du rock sur vinyle, évoquant Steppenwolf, Deep Purple, Scorpions ou presque Joy Division ; des influences dont l’héritage est parfois proche de la caricature même si l’ensemble reste sympathique (le riff de « Let Spirits Ride » ressemble à s’y méprendre à celui de « Stone Cold Crazy » de Queen).
Les mélodies manquent parfois d’inspiration et le travail sur le duo de voix se révèle moins abouti. Où sont passées les constructions vocales riches de Stephen McBean et Amber Webber ? Ainsi l’impression de simplement chanter soit à tour de rôle, soit ensemble, rend la démarche plus consensuelle. Les guitares et les claviers ont également cette fâcheuse tendance à grossir le trait du propos, à croire que les musiciens doutent de leur potentiel hard rock.
Heureusement, pour combler ces lacunes, le mixage généreux rend honneur à la diversité des instruments vintage et affirme ainsi cette volonté de ne jamais s’ancrer dans le présent, les morceaux folk viennent oxygéner l’album, à l’image notamment du magnifique « Sadie » qui conclut l’album d’une pointe apaisante. Mais les interrogations subsistent…
Sont-ce les nouvelles conditions d’enregistrement (appel à des producteurs extérieurs, réalisation en moins de quatre mois), le désir de se rapprocher du format radio ou l’effet d’une quelconque pression suite au succès artistique de leur précédent ouvrage sonore qui pénalisent quelque peu Wilderness Heart ? Plus explosive, plus accessible, au prix de la subtilité et de la parcimonie, reste à savoir si cette nouvelle voie est un tournant pour la formation ou une simple escapade cérébrale. Dès lors, Black Mountain perd en originalité ce qu’il gagne en modernité, et les oreilles reviendront se poser plus volontiers sur In the Future.