Veloce Hystoria - Shining & Majestic

S’il peut paraître maintenant difficile de penser le metal progressif autrement qu’en essayant d’avoir une longueur d’avance systématique sur tel ou tel aspect de sa musique, il peut être aussi franchement agréable de prolonger encore un peu nos tendres années quatre-vingt-dix. Attention toutefois aux redites et aux banalités car le propos s’est tout de même fait balader de productions en productions et de groupes en groupes ces deux dernières décennies.

Or si à l’aube de cette époque les expérimentations musicales donnaient naissances à des personnalités bien définies, il est de plus en plus difficile aujourd’hui de proposer quelque chose de vraiment intéressant en tapant dans les toiles déjà tissées par Symphony X ou Dream Theater, Vanden Plas ou même Helloween. Sans entrer dans le débat qui consiste à justifier l’emploi de la seule grille de blues dans n’importe quelle composition sous prétexte que « ça sonne », il faut admettre que Veloce Hystoria s’en sort plutôt bien dans un style qui peut rapidement déraper dans les stéréotypes.

Maniant les registres harmoniques de circonstance, se permettant deux ou trois écarts du côté du jazz, les musiciens parviennent à asseoir une certaine intelligence, affichant de louables desseins en proposant des sorties rythmiques fouillées et de grandes qualités instrumentales. Le clavier loin d’être agaçant ajoute quelques couleurs sympathiques aux différents thèmes et syncopes speed metal, même si le choix du son lead reste très convenu.

En revanche, quelques lacunes de production et surtout un manque de justesse vocale ramènent l’effort quelques pieds plus bas, lui faisant louper les points bonus qui auraient permis à Shining & Majestic d’être résolument convaincant. Du bon travail, bien loin du simple cover band, mais une personnalité encore timide qui mériterait quelques retouches sonores et qui reste malgré tout la meilleure volonté du monde prisonnière d’un style très tenace.