Five Star Prison Cell - Matriarch

Sorti le: 25/06/2010

Par Aleksandr Lézy

Label: Riot! Entertainment

Site:

En ces temps de violences musicales, changer de visage toutes les semaines a un coût : l’exigence d’une originalité salvatrice. Ces magiciens d’Oz reviennent avec un album riche en rebondissements, aux intonations et consonances infiniment plus diverses qu’auparavant. Pourtant, Matriarch est loin de s’acoquiner avec le premier venu pouvant être rebuté par cette approche hardcore des riffs.

Ainsi, les Australiens déstabilisent l’auditeur sur la première partie du disque. Les successions d’idées dépeignent une envie de briser la marque de fabrique brutale et débridée du précédent album, Slaves of Virgo, afin d’offrir une musique plus immédiate, et pourtant délibérément complexe et dégrossie de tous les clichés du metal actuel. Les harmonies demeurent extrêmement élaborées sans que les musiciens n’en oublient des rythmiques particulièrement chaloupées et tirées par les cheveux.

Il serait hypocrite de ne pas affilier le groupe à The Dillinger Escape Plan, par ce défi de performance musicale bouleversant les structures conventionnelles, de vouloir ajouter à ce condensé d’énergie et d’innovations une approche rock / metal dans le chant notamment, avec certaines superpositions dignes de Serj Tankian ou de Mike Patton. Adam Glynn délaisse d’ailleurs en grande partie ses influences pour ce dernier, son idole. Grand bien lui fasse !

Côté textes, Five Star Prison Cell abat les cartes d’une littérature humaine, centrée sur l’univers de la féminité ainsi que les relations homme / femme. Matriarch insuffle un sang neuf et original au pendant de l’art sonore, une écriture inspirée dans les méandres des paroles insignifiantes.

Le groupe n’hésite pas à mettre un peu d’eau dans son vin pour produire une musique toujours aussi inspirée et sophistiquée. La seconde partie du disque qui propose ces quelques expérimentations décoiffe littéralement et renforce la montée en puissance des premiers titres. Une œuvre qui n’en demeure pas moins difficile d’accès et à conseiller aux aventureux de richesse métallique.