The Pineapple Thief - Someone Here Is Missing
Sorti le: 13/05/2010
Par Christophe Gigon
Label: Kscope
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Ce groupe anglais existe depuis l’an 2000 et a publié pas moins de neuf albums depuis l’inaugural Abducting the Unicorn en 2001. Cela fait presque une décennie que les amoureux de musiques raffinées et mélancoliques suivent assidûment les travaux de ce projet au nom énigmatique mené par le talentueux Bruce Soord. Les fans de Radiohead, Anathema et Porcupine Tree, par le jeu des croisements induits et des discussions ciblées sur divers forums, ont forcément eu vent du cleptomane frugivore. Il ne semble pas exagéré d’affirmer que la discographie de ce discret phénomène souffrait pour le moins d’une forte crise d’identité, nonobstant la qualité intrinsèque de leurs productions.
L’événement majeur pour l’avenir de The Pineapple Thief reste sans conteste la signature avec le fameux label anglais K-Scope en 2008. Pour preuve, Tightly Unwound, paru cette même année, s’est vendu dans des proportions nettement plus significatives. Ce « succès » résulte-t-il d’une musique franchement plus commerciale ? D’une ascension professionnelle liée à un positionnement médiatique opportun ? De l’égide de Steven Wilson dans la majorité des projets figurant au catalogue de la maison de disques ? Peut-être un peu de tout cela manifestement. En tous cas, finies les longues plaintes mélancoliques et les envolées lyriques, place à une musique plus directe, au propos plus resserré, et surtout à une production bien plus moderne, qui ne manquera pas de plaire aux jeunes qui se délectent du rock de Muse, Nine Inch Nails ou même des très pop Biffy Clyro.
Une seconde naissance pour les Britanniques, qui outre une mue opérée il y a deux ans, apparaît comme flagrante avec Someone Here Is Missing ; un album qui s’annonce comme un jalon incontournable. Une petite dizaine de titres catchy, incroyablement bien construits, d’un professionnalisme avéré et, surtout, d’une qualité égale tout au long de ses trois quarts d’heure. La persévérance a payé, ce dixième coup (si l’on compte l’excellente compilation 3000 Days éditée l’an passé) se transforme en coup de maître avec des influences mieux digérées, une émancipation certaine du jour de Porcupine Tree et un son bien plus consistant.
Heureusement, tout ce qui faisait le charme de la première mouture de The Pineapple Thief reste présent, même s’il reste largement supplanté par ce « relookage » opportun (ou opportuniste, c’est selon). Il persiste néanmoins ce sentiment diffus de défiance face à ce qui pourrait bien être vite qualifié de chef-d’œuvre par la presse spécialisée. Le quatuor ne tenterait-il pas de réitérer le coup magistral d’In Absentia propulsé, de manière bien méritée, sur orbite en 2002 ? Dans le doute, pour qui sait faire fi de ces contingences, conjectures et autres a priori bassement journalistiques, voilà bien excellent un disque dont l’essentiel se résume à ses qualités propres, et elles sont nombreuses.