Cosmopolitics - Mental Hygiene
Sorti le: 07/04/2010
Par Nicolas Soulat
Label: Stone Lab Records
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Pour jouer le jeu de certains puristes qui, pour une fois (ou deux), mettent le doigt sur une problématique franchement productive, dieu, qu’il est bon de retrouver la spontanéité sur le devant de la scène lorsque l’on écoute ce type de production ! Le quatuor américain prolonge ici avec une grâce étonnante et une assurance inattaquable les valeurs de l’improvisation et du discours perpétuel. Sans jamais tomber dans la musique d’ascenseur ni dans la lassitude, tout est rodé pour que les idées musicales ne soient pas inutilement déguisées.
Dès les premières notes, les informations essentielles comme par exemple le talent des musiciens (quelle assise rythmique !) et les accroches thématiques peuvent parvenir à l’auditeur sans qu’il ait à se poser la moindre question. L’esprit sera ainsi libre pour accueillir un florilège de rock progressif avec tout ce que le terme implique de diversité. Mais attention, il n’est pas question de tourner en rond sur des lignes classiques ou des relents de fusion mille fois éculés ; il s’agit aussi de recherche et de réflexion. Polyrythmies et rebondissements harmoniques sont tous au service d’un langage très précis, articulé autour de leitmotivs que ne renieraient pas les Spock’s Beard voire même certains Tool. Car en plus du paradoxe « spontanéité – calcul », ces trois hommes originaires du Kansas s’offrent le luxe entre deux expérimentations mélodico-sonores de plonger leurs instruments dans quelques abimes insondables, quitte à taper le bout de gras avec Cynic.
L’instrumentation est donc assez directe, mais la palette sonore suffisamment conséquente pour convaincre sur quasiment tous les registres, ce qui ne manquera pas de donner une touche finale à la clarté de la production. Tout est savamment mis en scène, sans la moindre gratuité car embrayé avec justification dès la seconde suivante et surtout très accessible, loin de l’obscurantisme free-jazz qui pourrait en effrayer certains. Un coup de maitre en somme à qui il manque peut-être quelques notes de mélodie plus aériennes et posées pour obtenir un mélange parfait de ce que peut donner le heavy rock progressif dans son expression la plus large. Un voyage délicieux aux accents live qu’il ne faut surtout pas louper, ne serait-ce que pour accorder quelques secondes de son existence à ces musiciens qui ont compris l’essentiel et au-delà.