Daddy Antogna y los de Helio - Viva Belice
Sorti le: 30/03/2010
Par Aleksandr Lézy
Label: Viajero Inmovil Records
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Héctor Antogna, aka « Daddy », batteur de son état, serait semble-t-il une légende vivante du rock progressif en Argentine. Si les informations de ce type n’arrivent pas forcément aux oreilles de tous, son premier album Viva Belice sorti en 2009 sous cette formation a finalement atteint l’attention des médias européens. Ce pionnier du genre dans son pays, avec des groupes tels qu’Ave Rock ou Orions Beethoven, mélange au début des années soixante-dix jazz-rock et polyrythmies dans une fusion des genres quasi inédite.
Et c’est précisément le genre de musique que ce vétéran propose avec Daddy Antogna y los de Helio (« ceux de l’hélium ») : un voyage introspectif dans le rock psychédélique des seventies, sans considération aucune de l’actualité musicale s’étant déroulée depuis. Au final, on découvre une musique sérieuse, originale, sans imprégnation ni récupération d’autres artistes. Les compositions du père Antogna sonnent et résonnent comme de mystérieuses pierres ambrées fossilisées, subitement découvertes et dépoussiérées de la terre et du sable qui les entourent.
Outre le fait que la production risquera de sembler très « personnelle », il est impensable de gâcher par un son de guitare si affreux un disque aussi fouillé et sincère. Heureusement, les deux batteries et une basse ronflante à la présence phénoménale font oublier partiellement cette faute de goût désastreuse. Car au-delà de cette erreur, l’idée de rajouter violon, accordéon et violoncelle, joués par deux musiciens invités, permet de créer des tensions savoureuses dans ce maelström à la fois énergique et planant. Les légères incursions jazz n’ont pour objectif que la richesse des timbres et non la dissimulation de technique. Un très bon point en somme !
L’ambigüité persiste toutefois entre la qualité des riffs, cette production « garage » qui paraît si naturelle et bien exploitée, et ce son de guitare hérétique noyé dans des distorsions vraiment exécrables. Souhait collectif ? Erreur de parcours au mixage ? Quoi qu’il en soit, il est nécessaire de ne pas se focaliser sur cet aspect subjectif de la création, mais bien de l’accepter. Malgré ce commentaire dur mais réaliste, soulignons l’intelligence de cette musique instrumentale venue d’un pays où les groupes de progressif ne sont pas légion.