Citadel - Textures of the Impact
Sorti le: 24/03/2010
Par Christophe Manhès
Label: Bruit Blanc
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En France, entre la soupe du top 50 et le noise-rock claque-pain, il n’y avait jusqu’à présent pas grand-chose à se glisser dans les membranes auditives, aussi bien pour claquer la gueule que pour faire voyager dans un décor ambitieux et moderne. Mais tout change. Au milieu de ce panorama franchouillard apparaissent désormais des groupes cracheurs de feu à la conscience rock inédite et rehaussée d’une french touch de plus en plus prégnante.
Après les sensations Tapetto Traci et Marvin, voilà que débarque maintenant en point d’orgue de ce phénomène ce power-trio stupéfiant du nom de Citadel. Et là, excusez du mauvais jeu de mot, c’est là « Gaule » assurée ! Arrivé sans prévenir, Textures of the Impact suinte et rugit en Technicolor, et se permet de rejouer la bataille d’Alésia. Avec en prime, une liberté de ton qui pourrait obliger l’invasion anglo-saxonne à revoir son leadership.
Citadel n’a laissé que peu de signes avant-coureurs de cette éclatante réussite. Pourtant, force est de constater que les Franciliens viennent de planter dans le paysage hexagonal les fondations solides d’un rock mature et spectaculaire qui transgresse les codes de bonne conduite avec une attraction toute luciférienne. Textures of the Impact est tellement bluffant que l’on ne sait même pas par quel bout le prendre pour inspirer la geste qu’il mérite.
En somme, pour chaque musicien c’est quartier libre. On avait d’ailleurs presque oublié combien c’est bon d’entendre jouer fort avec cette fièvre et ce feeling quintessentiels au rock dur sublimé par Jimi Hendrix. Citadel c’est donc du gros rock, mais qui a les baskets plantées dans le XXIe siècle, un rock virtuose certes mais allégé des dextérités kitsch et tape-à-l’œil. Et plutôt que de laisser l’énergie le déborder, le trio a réussi à l’infléchir vers des compositions « métalliques » qui rappellent autant The Dillinger Escape Plan, Oceansize que Monkey3 tout en étant plus limpides, progressives et surtout variées ! Tout y passe : métal, rock, stoner, post-rock, blues-rock (l’énorme « Deceased Illusionist » joué façon noise !), minimalisme et même une belle surprise en fin d’album… nous vous laissons la primeur de goûter ce « Credits » à la dimension très hollywoodienne !
Emporté par un guitariste qui ridiculise tous les bébés shredders et vous donne l’impression de faire un saut à l’élastique à chaque solo, Citadel vrombit sans complexe avec un lyrisme dantesque. Nous tenons peut-être ici la meilleure formation hexagonale, celle qui ne concède rien sur le fond mais qui sur la forme est capable d’autant de rage que d’audace. Textures of the Impact est une énorme baffe, un album surprenant joué avec délectation par des musiciens fringants qui ont su tout lâcher, grisés par le seul plaisir de la musique. Vraiment Grand.