Peter Banks - Two Sides of Peter Banks
Sorti le: 09/03/2010
Par Jérôme Walczak
Label: Esoteric Recordings
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Peter Banks appartient à ces héros un peu tombés dans l’oubli aujourd’hui, rescapés de la flamboyante période progressive des années soixante-dix. Ce guitariste, prédécesseur de Steve Howe dans la formation originale de Yes (ce serait d’ailleurs Banks qui aurait proposé le nom du groupe), a connu une carrière aux évolutions brinquebalantes qui n’a finalement laissé aujourd’hui que peu de traces dans la mémoire du commun des mortels, hormis peut-être dans celle des plus érudits d’entre eux…
Après avoir quitté Yes, il fonde le groupe Flash et enregistre Two Sides of Peter Banks en 1973, en compagnie de quelques membres de son nouveau groupe, avec l’appui de Phil Collins à la batterie, Steve Hackett à la guitare et John Wetton à la basse. Son comparse pour l’occasion, Jan Akkerman, fera quant à lui une carrière remarquée au sein de Focus avec l’énorme succès « Hocus Pocus », dont la ligne mélodique virevoltante se devine d’ailleurs dans le seul titre dynamique de cet album. « Get Out of My Fridge » est en effet une gigue aux rythmes country montée en boléro qui accroche l’oreille avec efficacité et délectation. Plus récemment, Peter Banks fut à l’origine d’une formation aux relents jazz-rock n’ayant guère laissé de très bons souvenirs musicaux baptisée Harmony in Diversity, à la production minimale et instrumentale plutôt poussive et dénuée d’émotions (Trying).
La réédition de ce disque presque quadragénaire permet ainsi d’éviter les jugements intempestifs et sans doute aussi un peu injustes à l’encontre du guitariste, car cet album facile d’accès recelle de petites merveilles qui, finalement, ont bien survécu aux années qui passent. En témoigne par exemple la reprise de « Knights », suite énergique totalement instrumentale qui n’est pas sans rappeler « Sound Chaser » de Yes sur Relayer : même caractère sombre et pesant, basse et batterie plus lourdes et envoûtantes, qui s’illustre par cet aspect noir, comme le pendant obscur de ce que Yes aura pu faire dans les années soixante-dix avec leurs productions illuminées et pimpantes à la « Roundabout ».
Les autres points positifs ne manquent pas, à commencer par une ligne mélodique parfaitement structurée. Les introductions, rappels d’autres instruments, et leurs lents développements systématiquement orientés vers une conclusion audible sans être tapageuse, montrent que Peter Banks possède d’indéniables talents de compositeur, et qu’il était largement plus doué dans la construction et les arrangements que les quelques improvisations qu’il a pu interpréter récemment.
Avec ce style homogène en dépit du vigoureux dernier morceau, voilà une oeuvre à la complexité mesurée et très progressive à prendre en considération par ses volutes crimsoniennes, ses plaintes à la guitare évoquant Steve Howe, ses moments plus emphatiques rappelant les premières productions de Yes en germe ici. Ce sera reconnaître la valeur d’un grand artiste que de prêter une attention à ce qui reste envers et contre tout son grand album.