Nevärlläjf - Klusterfloristen

Sorti le: 18/02/2010

Par Aleksandr Lézy

Label: Musea Parallèle

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Le rock progressif, c’est un peu le mythe de Sisyphe : même si personne ne la pousse, la grosse pierre continue à rouler inéluctablement. Il faut pourtant bien que quelqu’un se trouve derrière pour que la métaphore fonctionne. Nevärlläjf, qui compte parmi ses membres de jeunes adolescents, fournit sa pierre à l’édifice en présentant un premier album pour le moins surprenant, un succédané de nombreuses influences parfaitement digérées et déroulées sur un tapis de fleurs atomisées.

Les Suédois perpétuent la tradition du rock progressif instrumental savoureusement teinté de jazz-rock fusion. Comme toute musique qui se veut instrumentale, la technique et les procédés d’écriture doivent être rigoureux et originaux. Les deux points sont plutôt respectés même si sur la longueur, les condescendances « guitaristiques » et autres gimmicks maintes fois entendus lassent. Il ne faut pas oublier cependant le jeune âge de ces musiciens, et il est assez épatant d’entendre à quel point le travail est solide, propre et soigné, à la hauteur de la musique pratiquée tout simplement.

De nombreux riffs, les échanges entre les guitares de Daniel Björklund et Martin Olsson ainsi que les claviers de Tor Sandell, véritable magicien de la bête aux dents noires et blanches, permettent de promener l’auditeur dans un espace parfois prog à la sauce scandinave déjantée, tantôt du côté d’un jazz léché voire même blues. Les Brand X ou Return to Forever ne sont pas loin … Quant à la production un peu plus agressive que ces derniers, on l’aurait aimé un tant soit peu plus moderne, pour ne pas dire franchement plus pertinente.

Les petits amis de Beardfish excellent dans la succession de passages instantanément percutants. Il va s’en dire que c’est touffu comme un chien qui reniflerait un parterre de fleurs aux mille senteurs. Le souci est qu’au final, Klusterfloristen ne respire qu’une odeur, celle d’une fusion détonante mais usée. Le caillou continue de rouler, il faudrait pourtant l’arrêter afin de le polir et lui donner nouvelle forme.