Freak Kitchen - Land of the Freaks
Sorti le: 05/01/2010
Par Marjorie Alias
Label: Roadrunner Records
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Holy Cow ! Après Organic en 2005, le trio reconnaissable entre mille a su prendre son temps et manquer sérieusement aux adeptes de sa musique si délicieusement barrée. Pour les autres, le moment est peut-être venu d’ouvrir grand les oreilles, car ce que propose Freak Kitchen ne connaît aucun égal. Il convient d’abord de clarifier les choses : non, la belle ville suédoise de Göteborg n’est pas seulement une usine à death mélodique. Si ce n’est leurs gueules de viking top model, aucun indice ne pourrait décemment renseigner les curieux sur l’origine d’un tel ovni musical.
Outre les quatre années prises pour peaufiner ce nouvel album, le groupe aura signé en France avec Roadrunner Records pour sa distribution, confirmant un peu plus son lien particulier avec l’Hexagone, mais également une véritable envie (et les capacités) d’aller de l’avant. Car si Freak Kitchen possède déjà une belle petite communauté de « freakyness disciples », ce septième album est une véritable occasion de redécouvrir le travail de Mattias IA Eklundh et de ses acolytes.
Land of the Freaks risque de balayer définitivement les idées vite conçues qui enfermeraient les Suédois dans la catégorie « metal cloonesque qui fait rigoler ». Dès l’ouverture, « God Save the Spleen », une énergie dévastatrice non dénuée d’une pointe de colère terrasse d’emblée un auditeur qui s’apprête à s’embarquer pour douze titres, aussi uniques que le jeu de guitare de leur créateur. Qu’on le veuille ou non, peu de musiciens peuvent se targuer d’avoir réellement su trouver et développer un style propre et identifiable dès les premières notes. Mattias IA Eklundh fait sans aucun doute partie de ceux-là, avec cette créativité et cette folie sans cesse accrues qui lui permettent de faire avaler ses soli totalement décalés et autres expérimentations aux néophytes, tout en régalant les connaisseurs. Et d’expérimentations, il en sera encore une fois question ici, peut-être plus que jamais.
Situé entre les aspects les plus techniques et tordus des projets solos Freak Guitar et les bons vieux mélanges a priori improbables de refrains pop et de riffs metal qui les caractérisent, Land of the Freaks s’autorise des incartades vers des chemins encore inexplorés. C’est ainsi, entre autres surprises, que de multiples sonorités hindoues viennent ponctuer certains titres (comme le savoureux et exotique « Teargas Jazz », premier single accompagné d’un clip made in New Delhi). Comble de l’injustice, IA prouve une fois encore que ses paroles incisives sous couvert d’un second degré de surface ne sauraient être mieux interprétées que par leur auteur. Le bassiste Christer Örtefors n’échappe pas à la tradition et signe quant à lui la sympathique ballade « The Only Way », rappelant qu’il était avant tout chanteur avant d’intégrer le groupe. Et last but not least, Björn Fryklund semble au sommet de son art…percutant, dans tous les sens du terme.
Il ne s’agira pas de l’album le plus abordable des Scandinaves car Land Of The Freaks constitue certainement le travail le plus abouti et le plus recherché de leur discographie, mais également le plus sombre proposé jusqu’ici. Il ne reste plus qu’à attendre le mois de février pour apprécier en live ces nouveaux morceaux de choix. A déguster bien frappés et sans modération…