Defect Designer - Wax
Sorti le: 04/11/2009
Par Nicolas Soulat
Label: My Kingdom Music
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D’ordinaire, les productions qui sortent des usines polonaises ont tendance à combiner agressivité et intégrité dans une tempête musicale plutôt mécanique, sans laisser la moindre place aux qualités organiques qui ne demandent souvent qu’à transpirer au travers des compositions. C’est avec une joie non dissimulée que Defect Designer se propose de rappeler que la violence peut trouver écho dans le groove et la soif d’originalité.
Death metal rageur côtoyant Carcass et autres Decapitated, c’est pourtant une véritable personnalité solide et colorée qui réussit à percer le manteau de neige sibérien. Parler de couleur pour un genre aussi sombre semble improbable et paradoxal. Pourtant cette formation russe qui a confectionné son artillerie en Pologne aborde l’exercice avec tellement d’idées qu’il est impossible de ne pas écraser son cigare.
Être capable sans aucun complexe d’assumer des gammes majeures et de rappeler qu’il y a du bon dans ce monde (Mr Frodon…) sans paraître ridicule, c’est déjà un exploit, mais se permettre en outre de faire swinger certains riffs sans avoir peur des sons clairs force outrageusement le respect. Par conséquent, les titres s’affranchissent naturellement de leur condition sibéro-polonaise et prennent quelques allers simples pour la Suède ou la Floride, élargissant le champ musical et dévoilant la perspicacité des auteurs dans le choix des contrepoints ou des signatures rythmiques.
Pourtant, dès les premières secondes, les principales failles de Wax sont exposées et laissent la porte ouverte aux préjugés les plus tenaces. Perdues dans les cuivres de la batterie, les guitares trop synthétiques n’offrent pas d’accroches très solides à l’écoute, d’autant plus que les soli auraient mérité des constructions plus abouties ; mais au fur et à mesure le panorama s’élargit, allant parfois jusqu’à la prise de risques. Les Russes provoquent les vieilles traditions et rappellent qu’avec un peu d’élégance, le death metal sait se faire aguichant. Pourquoi dès lors ne pas persévérer et dévoiler entièrement ce petit côté progressif frappé d’un cachet de cire éloquent qui semble ronger ces notaires du metal aguerri ?