Porcupine Tree - The Incident
Sorti le: 02/10/2009
Par Christophe Gigon
Label: Roadrunner Records
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Cette fois, ça y est, Porcupine Tree s’est enfin risqué à produire ce qu’il n’osait véritablement proposer jusqu’à cet Incident – titre prémonitoire pour les mauvaises langues – : un album conceptuel articulé autour d’un seul et unique morceau. L’équipe de Steven Wilson rejoint ainsi la horde des groupes progressifs téméraires honnis des critiques musicaux parisianistes. Pour un Close to the Edge (Yes), un Misplaced Childhood (Marillion) ou même (et surtout) un Amarok (Mike Oldfield), combien de produits boursouflés et vaniteux qui se referment mollement sur la vacuité de leur propos ? Pléthore, malheureusement.
Naturellement, la remarquable intelligence et l’étonnante maestria du capitaine de la formation britannique ayant déjà fait leurs preuves, on ne saurait trop craindre le pire. Ou, au pire justement, une micro-déception à la hauteur de l’attente démesurée induite par le succès indiscutable du précédent album, Fear of a Blank Planet (2007). A vrai dire, personne ne s’attend sérieusement à un échec, surtout après une carrière longue de bientôt vingt ans, qui a permis de déblayer et préparer le terrain pour le magnum opus tant attendu, le « long morceau qui mettrait tout le monde d’accord ».
D’emblée, s’il s’agit bel et bien d’un concept album, il l’est davantage par la structure musicale choisie (un seul long mouvement divisé en quatorze séquences) que par le thème choisi, prétexte évident à de longs développements musicaux réussis. Brave de Marillion ou Operation : Mindcrime de Queensrÿche apparaissent comme sensiblement plus cohérents, du point de vue d’un scénario servant de terreau aux pousses instrumentales et littéraires attendues.
En revanche, l’ensemble tient franchement la route musicalement, même si nulle révolution de palais n’est à signaler. Malgré un net retour vers des contrées plus éthérées et plus mélodiques, zones que les Britanniques n’ont plus vraiment daigné traverser depuis leur période pop (Stupid Dream ou Lightbulb Sun), l’amateur retrouve assez vite ses marques. La marque déposée reste reconnaissable entre mille et la production, toujours parfaite, ne s’oppose en rien à celle à laquelle le quartette nous avait habitués. Seuls les fervents partisans de l’aspect résolument metal forgé depuis l’excellent In Absentia (2002) risquent de se sentir quelque peu pris à revers. Ce manque de pêche est néanmoins remplacé par la finesse des arrangements et des citations subtiles aux maîtres du genre (King Crimson, Genesis ou même les Beatles avec leur Sergent Pepper littéralement cité dans la longue suite éponyme).
Cette œuvre maîtrisée et rassurante pour le public est accompagnée de quatre titres esseulés, relégués en fond de cale. S’ils s’avèrent goûtus, ils peuvent cependant se montrer superfétatoires après un plat de résistance si copieux. The Incident parvient à éviter la honte et le ridicule sans discussion possible. Il ne saurait toutefois être présenté dans une vingtaine d’années comme l’apothéose de la « geste wilsonienne ». Loin d’être un incident de parcours, ce onzième véritable effort studio se contente de se poser en successeur solide, honorable et racé, à l’instar de tous ses prédécesseurs…