Copernicus - disappearance
Sorti le: 20/08/2009
Par Mathieu Carré
Label: Nevermore / Moonjune Records
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Saviez-vous que l’univers entier peut être expliqué grâce à douze particules subatomiques ? Dans le cas contraire, pas d’inquiétude, en un peu plus d’une heure, le cosmique Copernicus, moitié poète, moitié musicien va remettre à niveau les ignorants. Avec sa voix grave et ses intonations dignes d’un sociétaire maudit de la Comédie Française, il expose son art, sa vision du monde, son œuvre.
Et force est de reconnaitre qu’il voit les choses en grand. A côté du chantre métaphysique et de son regard sur l’immensité cosmique, l’esbroufe écologico-humaniste de Daniel Gildenlöw fait figure de roupie de sansonnet. Malheureusement, le côté théâtral et mégalomaniaque de la prestation de Copernicus, vraisemblablement convaincu que le soleil lui tourne autour, entraine par le fond un projet ambitieux qui aurait pu se révéler intéressant. Richard Pinhas et son Ethique ou plus récemment Yves Robert avec son album-concept L’Argent ont pourtant démontré qu’il était possible d’aborder les sujets les plus profonds en musique avec bonheur, à condition de garder une distance minimale avec les concepts les plus abscons.
Ecueil supplémentaire, en plus de profiter de l’énumération des divers gluons, quarks et autres forces qui sous-tendent l’équilibre de l’univers, l’auditeur se retrouve aussi noyé musicalement par l’ambition dévorante du projet où musique classique (« The Blind Zombies »), blues épais (« Atomic New Orleans »), guitare classique (« The Quark Gluon Plasma ») et une bonne dose de jazz plus ou moins libre et tellurique se mêlent entre eux, parfois même pour des passages véritablement puissants et envoûtants comme le final tribal de « Humanity Created the Illusion of Itself ». Ces moments jouissifs ne rendent que plus amère la déception globale engendrée par la découverte de ce disque qui meurt finalement étouffé sous sa propre arrogance en dépit des qualités dont il regorge.
Les amoureux de la poésie et du spoken word auront donc plutôt intérêt à se tourner vers les grands anciens comme Gil Scot-Heron ou John Trudell ; les philosophes scientifiques en herbe vers une bibliothèque bien fournie, et si vraiment certains cherchent à mieux connaitre le monde étrange des gluons, le mieux reste éventuellement pour eux d’acheter l’intégrale de Téléchat où l’on retrouve en abondance le second degré qui fait cruellement défaut au disque inégal et frustrant de Copernicus.