Peter Hammill - Thin Air
Sorti le: 07/08/2009
Par Christophe Manhès
Label: Fie !
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Faut-il présenter Peter Hammill ? Si les nouveaux aficionados du rock progressif l’ignorent pour la plupart, l’ancienne génération sait que ce chanteur, membre du groupe culte Van Der Graaf Generator, possède une des voix les plus fameuses que le rock ait connu depuis le début des années soixante-dix. Ce barde moderne doit cette réputation à la qualité de ses cordes vocales, mais surtout à la puissance de ses interprétations qui propulse des paroles d’une grande noirceur avec la rage des désespérés.
Pour prendre la pleine mesure de l’intensité de ce lyrisme sombre et échevelé, l’écoute d’albums qui ont fait date tels que Chameleon in the Shadow of the Night ou Over est hautement recommandée. En revanche, au milieu de sa discographie pléthorique — trente-trois albums studio quand même ! —, certains de ces ouvrages paraissent dispensables, voire franchement douteux (les stigmates des années quatre-vingt de Skin en 1986 sont, de ce point de vue, une tache indélébile). Où poindra donc le curseur pour Thin Air ?
Il sera à placer sur « rien d’essentiel », car dans les belles plaines décrites par ce nouvel album, il manque de ces hauteurs qui rendent les paysages inoubliables. Trop mou pour s’imposer — « aérien » diront ses défenseurs —, ce disque fait dans la demi-teinte, certes parfois voluptueuse mais souvent rendue fade par une production synthétique et des artifices visibles qui brisent la magie instable de l’ensemble (l’affreux et inutile « Wrong Way Round »). Or, Hammill n’est jamais aussi bon qu’en prise plug and play. Il est à reconnaître néanmoins qu’entre les nombreuses lignes mélodiques ondulantes coule incessamment le fluide magnétique de sa voix. Seulement, ce fluide reconnaissable entre mille n’a pas ici l’intensité qui fait les grands albums.
Thin Air n’ai pas mauvais mais se range du côté des œuvres qui n’apportent rien à l’aura du musicien, et encore moins à la musique. Excessivement linéaire, comme suspendu dans le vide, il enveloppe l’espace plus qu’on ne s’arrête pour l’écouter. Manque un fond, et en musique, quand on cesse d’être surpris, c’est toujours triste.