Dave Matthews Band - Big Whiskey & the GrooGrux King
Sorti le: 27/07/2009
Par Nicolas Soulat
Label: Warner Music France
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Voici typiquement le genre d’album qui vient prendre par surprise l’auditeur au détour d’un bar, d’une soirée entre amis ou d’une chronique. Pourtant loin d’être un coup d’essai, il constitue le huitième album studio d’une poignée de musiciens qui règnent en maîtres depuis près de vingt ans sur les ondes américaines, et qui trainent derrière eux une trentaine de millions d’albums vendus dans le monde. S’il ne sera nullement question de se baser sur de tels arguments pour étalonner la qualité des morceaux, il convient néanmoins de souligner que parfois, le succès commercial d’artistes rime à juste titre avec leur valeur musicale ; ce qui fera éventuellement réfléchir quelques indécrottables accrocs de l’underground.
Cette dernière mouture dans la parfaite lignée des sept autres se nourrit des mêmes ingrédients, et se charge de mélanger deux univers a priori incompatibles, à savoir la pop et le jazz. Certains gageront que Norah Jones et consorts se seront probablement déjà chargés de réconcilier quelques personnes avec ce genre musical un poil élitiste, mais il ne s’agit ici définitivement pas de la même catégorie. Les compositions de « Big Whiskey and the GrooGrux King » tapent dans le festif le plus abouti, et quand il s’avère que ce groupe est capable de swinger pendant trente minutes sur des mesures composées en improvisations pendant leurs concerts, il est indéniablement tentant de migrer en douce le jazz en progressif (tiens, bonjour !).
La redoutable assise rythmique portée par le chef de fût et génial Carter Beauford démontre, avec aisance, que mélodie et refrains entêtants peuvent naviguer à vue sur des contre temps biscornus, tout en retombant sur leurs pieds tel un Legolas glissant sur un Mumakil [NdlR : superbe !]. Un véritable cyclone de suites d’accords extrêmement pertinentes chevauchent une batterie qui use avec justesse de double pédale. Les lignes de chants de Dave Matthews, teintées d’accroches bluesy, de voix de tête maitrisées et de véritables thèmes, réveillent les sensations engourdies d’un corps endormi. Autant de chaleur et de doigté pour des titres que ne renieraient pas un certain Peter Gabriel, voire même un grand Toto.
L’instrumentation riche voltige également entre du saxophone alto, du violon endiablé et un banjo qui confèrent une couleur authentique, dense et humide, tel un voyage dans les confins de la Louisiane ou de la Virginie, et donc le métier force le respect. La production se charge de repartir les sonorités avec un savoir-faire ébouriffant, afin d’obtenir un espace vivant, qui rappelle les plus grandes heures de la musique en général.
Véritable patchwork proche de la perfection, réconciliant la musique populaire à d’autres genres musicaux beaucoup plus riches et fouillés, le Dave Matthews Band mérite une attention toute particulière dans nos contrées. Posons les armes quelques minutes, laissons notre tête battre la mesure, et sourions-nous avec malice : que ce genre d’artistes fasse davantage partie de notre quotidien.