Grand Final - The Bridge

Ce duo français a eu l’opportunité d’enregistrer ce premier album à San Fransisco avec l’aide du renommé Joe Goldring (Enablers, Swans). Vivant ensembles, Doris (chant, guitare) et Jean-François (batterie) optent pour un registre rock direct et grouillant. Le chant féminin assez rare dans le genre apporte un plus indéniable. Entre puissance et maîtrise, Doris constitue l’attrait principal de Grand Final. Parfois plus orienté vers le blues ou le classic rock, le duo parvient à renouveler ses influences qui restent fortement ancrées dans les décennies passées, en témoigne la reprise de Conflict (groupe de punk des années quatre-vingt) qui conclue la galette.

Faciles d’accès, les riffs font tout pour accrocher l’auditeur (« Me and Myself ») et apportent une coloration quasi noise à l’ensemble. Le travail de production et les arrangements soignés font le reste pour nous conquérir : tout est fait pour décupler l’intensité et le naturel du groupe. L’aspect très brut de l’enregistrement met en valeur toute l’énergie live. Il est à se demander néanmoins si la formule de « duo » est un choix réel ou un simple manque de musiciens au portillon, car certaines parties peuvent sembler vides au premier abord (« Happy Lovers »), bien que Joe Goldring vienne prêter main forte au groupe sur quatre titres en s’occupant des guitares additionnelles. Ce constat est d’autant plus gênant que les tempi sont souvent lents, et ce sont justement ces passages qui manquent de lourdeur.

Ainsi, à l’écoute de l’introduction de « Misanthrope », il est question d’un punk rock dont on aurait ralenti le rythme, sans pour autant que le résultat sonne de façon assagie. Cet effectif réduit permet dès lors une grande cohésion entre les musiciens, qui interprètent un paquet de morceaux avec une détermination certaine. Ces quelques défauts et le manque de nouveauté sont compensés par une réelle envie d’en découdre de la part du binôme qui entre en phase avec la musique proposée ici, directe et spontanée.