Delirium - Il nome del vento
Sorti le: 09/07/2009
Par Christophe Manhès
Label: Black Widow
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Les Génois de Delirium nous viennent du fin fond des années soixante-dix. Leur troisième album studio, Delirium III (Viaggio negli arcipelaghi del tempo), y avait rencontré en 1974 un certain succès critique. Pourtant leur mesclun paraissait déjà bien fade face aux œuvres de ténors tels que Banco, PFM et surtout le superbe Quella Vecchia Locanda qui a mélangé dans la même veine musique classique et rock folk progressif. Autant dire que rien n’obligeait ce « Jethro Tull italien » – surnommés ainsi certainement à cause de l’usage de la flûte – à sortir un quatrième album, surtout trente-cinq ans plus tard. D’autant plus que le vieux et usé mouvement progressif symphonique peine toujours à regarder sa boussole pour se tourner vers des contrées nettement plus contemporaines et attractives. Mais les papys à la retraite de Delirium doivent trouver le temps long et ont donc remis le couvert pour pimenter leurs vieux jours.
Il fallait s’y attendre, même composé de matériel original (à l’exception des extraits de Van Der Graaf Generator de « Theme One » et « Dio del silenzio » sur Delirium III), Il nome del vento apparait comme une œuvre anachronique reprenant les spécificités du prog’italien des années soicante-dix imprégnées de culture classique, mais la spontanéité de l’époque en moins et malheureusement sans rien y ajouter de plus sinon la performance technique des studios d’aujourd’hui. Il nome del vento c’est un peu comme un film fait de belles images un peu lisses mais surtout sans scénario. On s’y tourne les pouces.
Delirium relance aussi un vieux débat, usé jusqu’à la moelle, qui fait que l’entente paraît impossible entre les nostalgiques incorrigibles et ceux qui, sans rejeter le passé, veulent aller de l’avant. Il nome del vento plaira donc sans surprise aux premiers et sera rejeté par les seconds, dont nous sommes. Cette musique a beau être bien faite, bien produite et plus hargneuse que par le passé, la recette ne peut plus faire mouche. Ce qui était justement perçu à l’époque pour de l’élégance s’est transformé aujourd’hui en une mollesse rédhibitoire. Et même si, nous sommes d’accord, le talent peut toujours forcer les préjugés, celui contenu dans Il nome del vento aura été vain.