Eureka - Shackleton’s Voyage

Sorti le: 08/06/2009

Par Jérôme Walczak

Label: InsideOut Music

Site:

Ce projet solitaire mené par l’Allemand Franck Bossert incarne à la perfection le genre de production coulant dans une veine néo-prog orthodoxe, qui plus est loin d’être attendue chez InsideOut Music (Riverside, Pain of Salvation, Saga…) et le moins qu’on puisse dire, c’est que la greffe n’a pris qu’avec une réussite partielle. Le concept choisi est original : l’expédition vers le Pôle Sud d’Ernest Shackleton (1914-1916). Dès la première écoute, le bibelot clinque et grésille agréablement, entre du Ayreon teinté de Rhapsody (la voix off mystérieuse et lugubre (sic)), un chant à la Phil Collins et une orchestration digne d’un Voyager de Mike Oldfield bâclé… Billy Sherwood (Yes, et le projet – raté – Conspiracy) vient apporter quelques vocalises (« Going Home »), tout comme Troy Donockley (Uileaan Pipe chez Iona, Nightwish) qui se fend d’une jolie petite partie celtique (« Heading South »). L’affaire ne tourne pas rond : que de poncifs, d’envolées aux claviers et à la guitare, d’emphase qui confinent à l’esbrouffe pour l’essentiel. Le grandiloquent, ça marche avec Caamora et les forêts perdues d’Afrique, Ayreon et les voyages intersidéraux ; sûrement pas une expédition chez les manchots… Une véritable inadéquation persiste entre le concept, qui pût être original et qui, bien ficelé, eût donné un moment musical pertinent, et l’accompagnement musical pour le moins assez inapproprié. Eureka, c’est un peu comme si Jean-Michel Jarre orchestrait les aventures de l’âne Cadichon, quelque chose ne tient pas et n’est pas crédible. Et c’est bien là l’un des soucis du rock progressif : c’est bien joli de détenir le concept magistral et puissant qui va emporter les âmes, mais encore faut-il que les idées musicales le soutiennent. Ce qui ici n’est certainement pas le cas.