Ange
08/06/2009
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Par Jean-Philippe Haas
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CONCERT : ANGE
Setlist : Tous les boomerangs du monde – La gare de Troyes – Exode – Dieu est un escroc – La bête – Aurélia – Harmonie – Coupée en deux – Je travaille sans filet – Ode à Emile – Souffleurs de vers (synopsis) – Souffleurs de vers (le film) – Saga – Catiline – Juste une ligne bleue – Quasimodo (Merci à « Fils de lumière » du forum d’Un Pied Dans La Marge pour la liste des titres). Durant deux jours, sous l’impulsion d’un fan-club hyperactif et passionné (http://www.updlm.com/) la Convention Ange 2009 a réuni les fans qui ont eu le courage de faire le déplacement jusqu’aux rives du lac de Gérardmer, dans les Vosges. Et ils sont venus des quatre coins de France, les plaques d’immatriculation des véhicules étaient là pour l’attester ! Point d’orgue de la tournée « Souffleurs de Vers », le concert confirme le potentiel scénique de l’album, avant la prochaine grande étape : le quarantième anniversaire du groupe. Plutôt que de chercher des groupes similaires pour assurer la première partie, Christian Décamps, a souhaité faire plaisir à des amis musiciens qu’il vient d’ailleurs présenter lui-même sur scène. Ainsi, ce sont aux hard-rockeurs de Messaline à qui il revient d’ouvrir les hostilités. Et malgré beaucoup de bonne volonté, cette entrée en matière est laborieuse : le son est ignoble, beaucoup trop fort et en fera fuir plus d’un. Le heavy metal plutôt basique de Messaline ne fait pas l’unanimité, c’est le moins qu’on puisse dire. Malgré tout, l’assistance reste indulgente et patiente. L’ambiance change du tout au tout lorsque le trio Alifair, composé de Jean-Pascal Boffo, d’Hervé Rouyer et de la charmante Aurore Reichert (au chant et…à la basse !) vient nous conter ses histoires joliment écrites dans une ambiance intime et sur une musique à cheval entre la pop et le jazz. Un groupe attachant à découvrir, à l’aide par exemple du petit dernier, Fort Intérieur (http://www.myspace.com/alifairband). Après cette mise en bouche pour le moins contrastée, le concert démarre en trombe avec l’ouverture de Souffleurs de Vers, le très accrocheur « Tous les boomerangs du monde », suivi par le non moins vigoureux « La gare de Troyes », un titre devenu contre toute attente un classique des concerts d’Ange. D’emblée, le public est assailli par l’incroyable énergie que dégagent Décamps et sa bande. On sent que le spectacle a été rodé en tournée. Celui-ci acoquine le neuf avec l’ancien et alterne sans temps morts les moments héroïques et les passages recueillis, l’énergie brute et les tensions théâtralisées. Les projecteurs s’attardent certes sur le Père mais aussi sur le Fils et ses Enfants spirituels. Car si Christian Décamps tient évidemment le beau rôle, Caroline Crozat est devenue en quelques années un élément essentiel du spectacle et force le respect par son charisme. Qu’il s’agisse de l’intime « Coupée en deux » ou du très conceptuel « Souffleurs de vers », sa présence apporte un contrepoids vital à l’omnipotence de Christian Décamps. Le duo se donne la réplique, se croise, se complète. Quant à la voix d’or du fiston Tristan, quelques fenêtres lui sont bien entendu ouvertes, comme sur « Quasimodo » et plus particulièrement sur le très emphatique « Harmonie ». S’ils sont plus discrets, les trois autres lascars (Benoît Cazzulini, Thierry Sidhoum et l’inénarrable Hassan Hajdi) constituent un pilier musical indéfectible. Le show, très dynamique, use de nombreux artifices : jeu de lumière, costumes, accessoires (de la marionnette-squelette au lance-pierre !)… Les moments forts sont nombreux, mais retenons plus particulièrement l’interprétation de « Souffleurs de vers », qui connaît sur scène une véritable transfiguration et s’affirme déjà comme un incontournable des concerts d’Ange. La mise en scène de ce conte futuriste original, la puissance évocatrice de sa musique et les atmosphères envoûtantes qui l’habitent, font de ce titre épique un véritable événement audiovisuel, où Caroline Crozat, en narratrice possédée, tisse le fil conducteur d’une passionnante épopée. Comme dans toute Convention qui se respecte, quelques bonus viennent agrémenter le concert. Sur « Catiline » et « Juste une ligne bleue » , une paire d’ex-membres, en les personnes de Hervé Rouyer (batterie) et Jean-Pascal Boffo (guitare) viennent prêter main forte à une troupe qui a connu bien des incarnations depuis le début des années soixante-dix. Et les fans ne sont pas en reste : ici, un jeune batteur monte sur scène accompagner ses idoles, là, un autre « imbibé » (c’est ainsi que sont appelés les membres du fan-club !) vient déclamer une poésie touchante en hommage à sa grand-mère. Puis, c’est à l’équipe d’UPDLM de se retrouver sur scène, chorale hétéroclite accompagnant le patriarche sur un joyeux final. La bonne humeur perdure tandis que la foule se disperse. On échange, on commente, on achète un disque, un tee-shirt. Dans l’œil du public, on lit la satisfaction, le plaisir de s’être retrouvé entre privilégiés pour un moment magique, en compagnie d’un groupe quadragénaire. Dans la force de l’âge. Jean-Philippe Haas site web : Ange |