Ange - Souffleurs de vers Tour

Sorti le: 12/05/2009

Par Christophe Gigon

Label: Un pied dans la marge

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Depuis que le nouvel Ange a pris son envol en 1997 avec un Troisième étoile à gauche d’excellente mémoire, l’équipe de jeunes loups entourant le père Décamps, seul membre rescapé de l’ancienne formation, n’a eu de cesse de se produire en France, en Suisse, en Belgique et un peu partout où l’on voulait bien d’eux, seul moyen de garder vive la légende ; la faute à une couverture médiatique quasi inexistante. Ces douze ans de tournées incessantes ont non seulement servi à promouvoir les quatre albums parus depuis l’effort inaugural précité mais ont également contribué à produire d’émouvantes prestations en public comme en témoigne ce présent coffret.

Coutumier du fait (Le tour de la question en 2007), le groupe propose à nouveau un enregistrement audio de leur dernier spectacle couplé à son pendant vidéo. S’il est vrai que depuis l’aube du nouveau millénaire, ce ne sont pas les publications de sources live qui manquent pour les collectionneurs de l’œuvre des natifs de Belfort, il faut bien reconnaître que la sélection opérée des titres exécutés se voit passablement remaniée d’une année à l’autre, ce qui rend pertinent toute publication. Et cette dernière offrande angélique ne déroge pas à la règle : un choix de chansons qui compose un menu totalement inédit jusqu’alors. Quelques morceaux phares du dernier rejeton discographique, le très bon Souffleurs de vers (2007), se mélangent avec harmonie aux classiques dépoussiérés voire carrément réarrangés (« Les noces », toujours un peu balourd malgré tout, « Aurélia » magnifié ou « La bête » encore plus émouvant). Inutile de revenir sur l’époustouflante maîtrise technique des musiciens. On relèvera seulement que Hassan n’a rien perdu de sa maestria à la guitare et que Tristan (claviers et chant) s’affirme de plus en plus comme le probable chef de troupe quand son géniteur décidera (le plus tard possible tout de même) d’aller cultiver son jardin dans ses terres de Haute-Saône.

La partie filmée, à Belfort justement, reprend l’intégralité des pistes déjà présentes sur le disque. Y sont ajoutés quelques séquences supplémentaires qui raviront les Anciens (« Ode à Emile », « Saga ») et les Modernes (« Quasimodo » et « Les beaux restes »). Voir Ange reste une expérience qui dépasse, et de loin, le simple plaisir d’écouter une musique unique. On peut parler de spectacle digne des saltimbanques d’antan tant la troupe ne se satisfait pas d’exécutions ternes mais professionnelles. L’équipe, parfaitement soudée et rodée aujourd’hui, joue, vit et interprète ses créations, parfois jusqu’à la trivialité : « Les Noces » où Caroline Crozat s’acoquine avec une poupée gonflable ou encore le ridicule spectre exhumé dans le revenant « Exode », exhumé lui aussi, tiré du célèbre Au-delà du délire (1974). Un concert de très bonne facture qui ne constituera en rien un doublon pour tout amateur de ce jeune quadragénaire immortel, puisque atemporel.