iH8 Camera - iH8 Camera
Sorti le: 07/05/2009
Par Jérémy Bernadou
Label: Trip in Time
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Les groupes de rock qui pratiquent exclusivement l’improvisation se font finalement assez rares. Et pourtant, la liberté totale qu’elle offre semble bien correspondre à l’esprit de cette musique et à tous les symboles qui en découlent. Il faut néanmoins nuancer que l’improvisation rime également avec excès en tout genre, et l’époque pendant laquelle cette pratique était « tendance » est bel et bien révolue : les soli interminables des membres de Led Zeppelin ou de Deep Purple ne sont que de lointains souvenirs, comme s’il n’était plus possible d’en proposer un contenu novateur. En regardant toutefois du côté de formations comme Sonic Youth, le vocabulaire rock peut toujours s’enrichir de cette liberté.
Le collectif belge iH8 Camera s’inscrit dans cette démarche : les musiciens (dont deux anciens membres de dEUS) se retrouvent ponctuellement pour des concerts qui laissent une très large part à l’improvisation. Ce disque est issu de l’enregistrement live de l’un d’eux, au Burg Herzberg Festival en 2006. La cohésion des musiciens est impressionnante et le matériau qui en découle est toujours limpide. Le caractère improvisé leur insuffle une fougue incroyable, à l’instar du superbe « Grebenau ». L’évolution des morceaux démontre une maîtrise instrumentale avérée comme le début de « Niederaula », où la basse sursaturée et la batterie folle prennent rapidement leur envol sous l’effet d’un groove permanent. Cerise sur la gateau, ils se permettent l’outrecuidance d’ajouter du chant ; les paroles se posent naturellement sur des lignes mélodiques instables, où chaque seconde est susceptible d’être modifiée. Surprenant et tellement efficace.
La production est également essentielle. Les pistes sont agencées avec soin et la notion « d’espace sonore » prend tout son sens. L’auditeur est pris entre les feux. Les arpèges et autres parties de guitares se confondent petit à petit pour construire un édifice solide, comme peut le promulguer Oceansize par exemple. Les influences restent variées, à l’image de la grande époque de King Crimson (« Ottrau » ne dépareillerait pas aux côtés des expérimentations de The Great Deceiver) , du Lonely Heart de Massacre (Fred Frith, Bill Laswell…), deux formations qui partagent cette conception similaire du rock. Accessibles, fluctuants afin d’éviter toute monotonie, la multitude des climats se cotoient sans démonstration poussive. Une surprise totale pour un groupe capable de faire des étincelles.