The Dave Fox Group - Home Again

Sorti le: 17/04/2009

Par Jérémy Bernadou

Label: Konnex/Atonal / Orkhestra

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Ah, le free jazz… Depuis ses débuts il y a une cinquantaine d’années, le genre n’a cessé de faire couler beaucoup d’encre. Hormis le fait qu’un tel nouveau formalisme est rapidement mal vu de certains amateurs de la vieille école, c’est un langage inédit qui s’offre à des musiciens en mal de sensations fortes. Ce puits apparemment inépuisable de sonorités organiques et d’improvisations jusqu’au-boutistes en aura fait jaser, et « jazzer », par la même occasion, plus d’un. Mais, comme dans tout style musical qui se respecte, il y a ceux qui suivent leurs glorieux aînés sans réellement parvenir à mettre sur pied un vocabulaire nouveau, même si leur démarche part d’un bon sentiment. Alors évidemment, en parlant de free jazz, on peut toujours se demander comment est-il possible d’apporter quelque chose de neuf au genre… En allant plus loin dans l’expérimentation ? Difficile, étant donné que Coltrane, Ayler et Zorn par la suite (pour ne citer qu’eux) ont déjà exploré, tous avec plus ou moins de succès, des territoires ô combien glissants.

Pourquoi un tel rappel, demanderez-vous ? Il reste difficile d’adopter un avis tranché sur ce Home Again, troisième album du Dave Fox Group. Tous les ingrédients sont pourtant bien présents, et le disque ne manque pas de moments forts. Ainsi, « Airports and Me », avec sa montée en puissance et sa rythmique folle, le tout se terminant avec un côté hypnotique surprenant mais toujours naturel, fait clairement mouche. Tout cela rappelle fortement le bon souvenir du Solar Forge de Totem, même si ce dernier aborde une facette plus rock et abrasive du genre, malgré la présence du guitariste Bruce Eisenbeil (Cecil Taylor, Evan Parker…) sur les deux galettes. De plus, Dave Fox, aux claviers sur Home Again, apporte une coloration intéressante, notamment sur ses envolées d’orgue Hammond « An Encounter With a Street Troll », instrument qui reste rare dans le style.

Lorsque le groupe relâche cependant la pression, les gimmicks typiquement free jazz prennent le dessus, et bien que le l’ensemble reste cohérent, on sent que les minutes avancent mais le « schmilblick » ne progresse pas d’un sou. A ce titre, les entrelacs de guitares sur « Home Again, for Now » traînent en longueur, malgré une évolution intéressante. Bref, ce disque s’écoute avec plaisir bien que son caractère hermétique ne lui rende pas justice.