Antigama - Warning
Sorti le: 08/04/2009
Par Nicolas Soulat
Label: Relapse Records
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Bien étrange et atypique que ce monde du grindcore polonais, certainement soumis à on ne sait quelle malédiction. Par deux fois cette scène fut frappée par les foudres du destin avec les disparitions d’énormes talents du genre : Witold « Vitek » Kieltyka de Decapitated et Mieszko Talarczyk de Nasum ; qui ont, sans le moindre doute, contribué à assoir une certaine référence dans le monde de l’extrême. Antigama chevauche ainsi ces terres pleines de dangers avec fougue et inventivité en perpétuant les codes guitaristiques et autres brisures rythmiques du genre.
Très féconds et proposant des alternances intéressantes de riffs dissonants et agressifs, la formation démontre qu’elle connait parfaitement ses classiques et se permet même d’agrémenter son propos de petites surprises qui confirment que la matière n’est pas tout à fait brute et qu’elle a été approchée et sculptée dans la réflexion. Mr. Bungle voire Fantômas ne sont pas loin sur une ou deux parties, aussi intrigantes qu’agréables. Ces Polonais, et ce même si le chant peut paraître un poil hardcore dans l’approche, ne renient aucunement leurs origines : le grind vomit ses tripes tout au long du disque dans un savant bazar contrôlé, où les parties techniques côtoient les moshparts endiablés.
Il sera toutefois presque impossible pour la plupart des auditeurs d’atteindre un stade avancé de l’écoute sans tiquer sur la production. Car dès les premières secondes, tout sonne désespérément petit et inachevé, les compositions s’en trouvent assommées et altérées, et l’effort est beaucoup trop difficile à fournir pour se permettre de partir au charbon avec le groupe. Naturellement, ce type de rendu est assez commun et même recherché dans un style qui se doit probablement de garder une certaine légitimité underground. La démarche peut être comprise à condition de posséder un solide équipement et d’avoir baroudé un maximum. Un mixage approfondi aurait pu hisser Antigama parmi les giffleurs professionnels. Rien d’inaudible, juste un peu décevant.