Cheer-Accident - Fear Draws Misfortune

Sorti le: 30/03/2009

Par Jérémy Bernadou

Label: Cuneiform Records / Orkhestra

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Cheer-Accident, ou comment se réinventer à chaque album. Vingt-huit ans après leurs débuts, leurs disques restent une véritable bouffée d’air frais, l’auditeur ne sachant jamais vraiment à quoi s’attendre avec ces Américains. Historiquement plutôt lié à la scène indie et aux divers carrefours expérimentaux, le groupe a rapidement emprunté des chemins de traverse variés sans pour autant perdre sa marque de fabrique, une totale liberté que l’on peut voir chez The Cardiacs ou The Residents depuis la même époque.

Le décor semble pourtant rapidement planté : une musique haute en couleurs, riche en cuivres… Mais les lignes vocales à la Thinking Plague et des guitares typiquement Rock In Opposition restent bel et bien présentes tout au long de ce Fear Draws Misfortune. Le melting pot qui en ressort tient quasi miraculeusement la route, grâce à des titres plus surprenants les uns que les autres. On passe d’ovnis sombres et denses (le superbe « The Carnal, Garish City ») à d’autres plages aussi curieuses qu’efficaces… A ce titre, le groove de « Blue Cheadle » et ses guitares grasses qui côtoient un chant très second degré prouvent que la formation conserve une grande audace. La batterie et sa production très « garage », toujours dans la saturation, donne une coloration très originale pour un disque de ce style, mais se trouve trop souvent mise en avant, même si l’initiative est intéressante.

Ce sont surtout les compositions les plus directes et dynamiques que l’on retiendra : les rythmiques à tiroirs de « Mescalito » et l’esprit Frank Zappa qui se dégage de l’ensemble font plaisir à entendre. De même, les dissonances de « Disenchantment » prouvent toute l’influence que des formations comme Henry Cow ou Art Bears ont pu avoir sur Cheer-Accident. Le complexe « Your Weak Heart » proposé en guise de conclusion fait clairement apparaître le jeu au piano du leader Thymme Jones et son aspect très rythmique, à l’image des belges de Present. Ce titre à rallonge continue sa route vers toujours plus de profusion jusqu’à un intermède où Thymme arbore sa voix à la Roine Stolt (The Flower Kings), l’un des principaux défauts du disque. Ce timbre ne colle pas vraiment avec la musique pratiquée ici, d’autant plus que les voix féminines y sont particulièrement réussies, et la présence de Carla Kihlstedt (Sleepytime Gorilla Museum et autres) n’y est pas étrangère ! Tout compte fait, ce disque se démarque par son originalité, ce qui n’est pas rien pour un collectif qui signe ici son seizième album.