Arvo Pärt - In Principio
Sorti le: 11/03/2009
Par Jean-Daniel Kleisl
Label: ECM
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Sublime !
Pour ses vingt-cinq ans, le label ECM New Series met les petits plats dans les grands ! Enregistré sous l’experte direction de Tõnu Kaljuste avec l’Estonian Philharmonic Chamber Choir, l’Estonian National Symphony Orchestra et le Tallinn Chamber Orchestra en juin 2008 à l’Estonia Concert Hall, et en mai 2007 à la Niguliste Church, pour les trois derniers morceaux, In Principio reprend plusieurs œuvres composées par Arvo Pärt ces dernières années, pour orchestre et surtout pour chœur et orchestre. En guise de rappel, le compositeur estonien, né en 1935, a développé une écriture musicale dépouillée donnant l’impression de simplicité, certains la qualifiant – à tort – de simpliste. Pärt travaille avec peu d’éléments, principalement autour des trois sons d’un accord parfait dans différentes tonalités. A l’image des trois sons de cloche, Pärt a dénommé sa démarche le tintinnabulum, qu’il a appliqué à la majorité de ses œuvres depuis la fin des années soixante-dix (Tabula, Fratres).
Pärt continue son exploration sur ce nouveau disque avec un brio certain, sans toutefois surpasser en originalité ses œuvres plus anciennes. Sa musique reste à la fois très épurée – Pärt reste très avare en modulations ainsi que le veut sa démarche – et profondément religieuse. Les scansions du chœur dans le titre éponyme, écrit en 2003, apportent une plénitude magnifique qui est contrebalancée par les éclats sombres et inquiétants de la « La Sindone », orchestrale uniquement. « Da Pacem Domine », composé en 2007 suite aux attentats terroristes de Madrid, reste dans cette même veine tendue, mais également pleine d’une sérénité et d’un apaisement retrouvés. Arvo Pärt joue constamment sur cette tension entre introspection de l’âme et évocations de l’agonie et de champs de ruine (« Mein Weg »).
D’aucuns maugréeraient que la musique de l’Estonien reste confinée dans des tempi lents et des tonalités peu variées. C’est justement là que réside toute la richesse de l’œuvre d’Arvo Pärt, y compris pour ce superbe In Principio. A noter encore que la direction très sensible de Tõnu Kaljuste apporte une justesse expressive qui sied à merveille à toute l’œuvre, surtout dans ses moments de tension. On use et abuse souvent du qualificatif indispensable pour un album. Force est de constater qu’In Principio le mérite totalement.