Yugen - Plays Leddi : Uova Fatali
Sorti le: 04/02/2009
Par Aleksandr Lézy
Label: AltrOck Productions
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L’idée même de combiner le rock à la musique classique contemporaine révèle une dimension contre laquelle aucun genre ou style ne peut rivaliser. Deux forces se fusionnent dans un mélange électrique et acoustique. Plusieurs modes de jeu, des expérimentations à foisons, des combinaisons d’instruments parfois complètement opposés, une complexité d’écriture puis de mise en valeur, avec toutes les contraintes que cela entraîne. Alors bien évidemment, la recette qui se nomme Rock in Opposition depuis presque trente-cinq ans n’est pas donnée à tout le monde. Pourtant, quelques groupes ont su développer cette musique : Univers Zero, Finnegans Wake, Art Zoyd et même Frank Zappa d’une certaine manière, pour ne citer qu’eux.
S’ajoute plus récemment à la liste Yügen, un groupe italien qui s’est réapproprié de manière magistrale ce style si riche et avant-gardiste avec un premier album Labirinto d’Acqua en 2006. Ils nous reviennent toujours aussi nombreux, neuf au total sans compter les intervenants, avec ce nouvel album intitulé en français « les œufs fatals », ayant bien évidemment attisé la curiosité de Progressia. Et il s’avère qu’un peu à la manière de leurs compatriotes de Zü qui invitent sur chacun de leurs albums des artistes différents afin d’expérimenter de nouveaux sons et de nouvelles formules, et ainsi interagir avec une oreille externe de la leur, Yügen, qui avait tout composé seul jusqu’à maintenant, a décidé de jouer la musique que Tommaso Leddi a composé pour eux. Le concept apparaît comme des plus originaux et aventureux. L’exercice est évidemment très difficile compte tenu de la complexité qu’engage une telle musique.
Après plusieurs écoutes, il faut se rendre à l’évidence, quelque chose a changé, ce qui n’a rien de bien étonnant : où est donc passée la magie Yügen ? Les premiers morceaux sont caricaturaux, presque imitatifs d’un folklore guinguette à l’italienne du début du vingtième siècle, avec pourtant la touche du groupe et le haut niveau instrumental que les partitions complexes exigent. Ces dernières sont suivies à la lettre, desservant l’énergie et la spontanéité. Prenant le pas au fur à mesure sur le rock, le « moderne » s’impose de manière bancale jusqu’à la suite éponyme en cinq parties « Uova Fatali ». Cette dernière très homogène et brillante rattrape haut la main l’exiguïté toute relative et mal assumée des morceaux précédents qui se contentent de reproduire froidement, mais non sans professionnalisme, le « texte » imposé.
Bizarre de représenter des coqs sur une pochette lorsque l’on veut parler d’œufs ! Et non au point de leur lancer des tomates, certains titres sonnent basse-cour. Loin s’en faut l’originalité et la qualité intrinsèque de ce groupe, malgré quelques points faibles et une appropriation des morceaux mal sentie, peut-être un peu aussi la faute de Leddi qui n’a pas su mettre plus avant le potentiel du groupe, Uova Fatali déçoit quelque peu. Tout est relatif…