Opeth - The Roundhouse Tapes (DVD)

Sorti le: 23/01/2009

Par Jean-Philippe Haas

Label: Peaceville

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Voici le pendant visuel du double live sorti il y a peu et chroniqué ici-même. En somme, il s’agit là de la preuve en images, la confirmation de ce que l’on devinait déjà sur disque : les subtils bûcherons suédois d’Opeth sont à l’aise sur scène. Dans un Roundhouse bien rempli, les Scandinaves offrent à un public conquis d’avance leur death mélo mâtiné de passages symphoniques, de moments planants parfois chantés (comprendre « sans hurlements »), sur lesquels la voix suave et la guitare cristalline de Mikael Åkerfeldt tirent habilement leur épingle du jeu.

Opeth joue sur les contrastes, les alternances entre une musique percutante, agressive et des bulles atmosphériques voire symphoniques. Et bien que le procédé soit utilisé plus que de raison, il est rendu avec une classe confondante. Pendant les parties les plus brutales, lorsque le musicien abandonne son statut d’humain et n’est plus qu’une masse de cheveux en mouvement, d’inévitables pogos naissent parmi les fans les plus « enthousiastes ». Ces mêmes brutes épaisses se muent en tendres agneaux recueillis lorsque la centrale à charbon laisse place à l’éolienne. Opeth fédère semble-t-il toute une génération de fans probablement plus ouverts que leurs aînés.

Le groupe livre ainsi une performance brute, sans défaut, et n’use quasiment d’aucun artifice destiné à impressionner le spectateur, si ce n’est l’écran géant sur lequel sont projetées des images plus ou moins conceptuelles. La performance se suffit à elle-même. Il en va de même pour le traitement visuel : des plans variés, nets et contrastés et peu d’effets spéciaux. A peine quelques rappels à l’imagerie du groupe viennent-ils s’inviter en surimpression sur de courtes séquences. Le montage suit les circonvolutions et soubresauts de la musique, tantôt vif, tantôt paisible. L’éclairage est sobre, plus nuancé sur les parties calmes, mais loin d’être envahissant. Diverses options audio (Dolby Stereo, Dolby Surround, DTS) permettront aux oreilles exigeantes d’apprécier toute la subtilité de la performance.

Une fois de plus, ce DVD pouvait largement se passer des inévitables et sempiternels bonus. Des entrevues du groupe et des fans d’une pertinence discutable, non sous-titrées, la séance de balance complètement inutile et une galerie de photos… pas de quoi slammer de joie. Mais ces suppléments inintéressants ne doivent pas faire oublier le principal : ce concert offrira de nombreuses occasions de s’affaler devant l’écran, de s’installer au fond du canapé, la bière de chantier et le Martini Dry tous deux à portée de main.