Bumblefoot - Abnormal
Sorti le: 22/12/2008
Par Nicolas Soulat
Label: Hermit Inc.
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« Oui, ce n’est pas mal, mais n’est-ce pas un peu trop ? ». C’est devenu une sorte de maxime lorsqu’on aborde le travail de Ron Thal (appelez-le Bumblefoot, c’est rigolo et ça lui permet de passer inaperçu). Ayons une pensée émue pour tous ceux qui errent sur ces pages mal famées sans connaître ne serait-ce qu’une note de notre bombus d’Américain. Si certains s’aventurent de ce coté de Progressia, qu’ils sachent que les portes leur sont grandes ouvertes, surtout si roses et pistolets restent aux vestiaires. Pourquoi ? Pour les mêmes raisons qui nous pousseraient à qualifier d’incongru une personne vêtue d’un T-shirt d’Imperial Sodomy au mariage de sa soeur.
Cet attachant guitariste repéré par Mike Varney à l’âge d’or du label Shrapnel confirme qu’il s’est définitivement affranchi de l’étiquette du guitar hero. Il ne sera pas nécessaire de se replonger dans sa discographie pour comprendre sa démarche qui n’a plus rien d’anormal. Bien au contraire, celui qui flirtait déjà avec les sphères de la fusion, affirmant des couleurs brutes teintées de punk, de reggae et de jazz, mariant avec goût la démence et l’efficacité, l’homme qui parvient à réconcilier Frank Zappa et Johnny Rotten au panthéon des opposés prend encore du galon et s’envole très loin. Mais le plus agréable dans tout ce déluge de folle cohérence c’est qu’il est sacrément facile de suivre le propos. Le jeu des contraires est délicieux et porté par une production mate et chaude; on se sent presque aux commandes. La guitare et les arrangements vocaux, qu’ils soient lead ou en arrière-plan sont toujours judicieux et pertinents, au service de véritables tubes qui pourraient tranquillement s’afficher sur la bande originale du prochain Tarantino. Car c’est bien là le gros point fort de l’album : sans renier son jeu de six cordes venu de l’espace, Ron Thal nous propose de l’intelligence et des titres léchés directs et courts, et Dieu (ou quelqu’un d’autre) sait qu’il est difficile de servir de l’épique en trois minutes.
Peut-être les fans les plus acharnés de l’Américain reprocheront-ils à l’habituel grain de folie de se faire plus discret, mais c’est un mal pour un bien sans aucun doute. Une suite logique que les amateurs comme les autres pourront apprécier à sa juste valeur. Sans aller jusqu’à prêcher pour la démocratie en Chine, on espère que la publicité sera bonne et que l’artiste se retrouve un peu davantage sous les projecteurs à l’avenir.