Supersister - Iskander (rééd.)
Sorti le: 18/10/2008
Par Christophe Manhès
Label: Esoteric Recordings
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Supersister, c’est l’histoire de quatre types hyper-jeunes, hyper-doués et qui ont pondu au moins deux albums hyper-bons sur les cinq que compte leur discographie. C’est également le destin typique de ces nombreux groupes seventies qui ont spontanément touché juste, mais fini, sous prétexte d’aller de l’avant, par épouser l’air du temps tout en divorçant d’avec leur propre style.
Soyons clairs, Il n’y a rien dont le groupe n’est vraiment à rougir, même si la musique des Hollandais a subit suffisamment de métamorphoses depuis Present From Nancy, qui font regretter une fois de plus les pièges dans lesquels beaucoup de leurs camarades sont tombés lors de cette époque charnière. En premier lieu, le leurre technologique, car les claviers se sophistiquent et le son trop neuf des nouvelles machines refroidit néanmoins la signature jadis si ardente. Ensuite, le piège de l’instabilité du personnel qui met à mal la cohérence discographique. Enfin, la notion de succès qui repousse le talent naturel et fait tendre la musique vers quelque chose de plus commun, de formaté.
A ces travers d’ordre général auxquels Iskander n’échappe pas, s’ajoutent également d’autres griefs plus particuliers, qui n’auront pas échappés aux fins connaisseurs du groupe. On se demande par exemple pourquoi la musique est devenue subitement presque aphone. L’absence du charme de la voix ironique si particulière de Robert-Jan Stips créait indiscutablement un manque. Fini également les merveilleuses cavalcades rythmiques et cette pulsion vive et subtile, qui leur conférait une séduction unique. Bien que batteur de bon niveau, Herman van Boeyen ne peut remplacer la marque si singulière de son prédécesseur, Marco Vrolijk.
Si cet album ne représente certainement pas leur meilleur carte de visite, il possède néanmoins de beaux restes, suffisamment pour que les fans n’en fassent pas l’impasse. Mieux vaut se rabattre cependant sur leur deux premiers albums, Present From Nancy et To the Highest Bidder qui possèdent davantage le caractère frais et plein d’humour propre à Supersister, et qui sont autant de pépites que les nombreux amateurs de Canterbury doivent absolument posséder.