The Black Noodle Project - Eleonore
Sorti le: 02/10/2008
Par Jérôme Walczak
Label: B-Smile Records
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Les Parisiens se forgent gentiment une petite place dans le monde étroit de la voie progressive française. Depuis leur première démo estampillée 2003, qui n’avait guère marqué les esprits, il semble que la maturité commence à gigoter sournoisement… Pierre Grima est aux manettes de ce groupe depuis son origine, il développe et assume son versant progressif en mettant en musique un conte écrit pas ses soins, « Eleonore ou le Livre interdit ».
Oser le concept, aujourd’hui, relève de la bravoure tant cette démarche implique en théorie diverses attentes du public. Sa recherche, c’est celle d’un moment cohérent, unitaire, capable de marquer les esprits par ses soubresauts, ses souffles, ses errements et ses ruptures. Or, et vous noterez la ceisure, il n’y a guère de tout cela dans Eleonore. Au contraire, ce qui s’échappe de ce disque, et tout cela paraît devenir, hélas, une marque bien francophone, c’est cet insupportable sérieux, cette hypertechnicité qui vient nuire à une démarche plus spontanée et plus chaleureuse.
Un point déjà, certes mesquin, mais tout de même : on ne chante pas en anglais avec l’accent de Romorantin ! C’est insupportable, on entend plus que ça :! L’œuvre devient aussi crédible que La Flûte Enchantée interprétée en fino-ougrien… Un concept français, dans notre beau pays la France, se chante en Français, déjà, on peut le comprendre (surtout lorsque les démo sont dépourvues des livrets), ensuite, dans toute œuvre totale, ce que le concept est censé être, chaque partie fait corps : texte, musique, ambiance. Passons sur l’accent, après tout, ce combat est devenu vain. The Black Noodle Project a agrémenté Eleonore d’un CD-Rom venant apporté quelques lumières sur l’histoire, mais pourquoi diable faudrait-il être outillé en informatique pour écouter et apprécier de la musique ?
L’oreille attentive (et érudite) assiste aussi, impuissante, à une succession sans doute un peu trop bancale de diverses prouesses techniques. L’atmosphère générale est très empreinte de références à Pink Floyd, mais quand les magiciens de Roger Water savaient faire basculer l’auditoire (acquis) dans la déraison, la folie, le voyage et les mondes parallèles, The Black Noodle Project ne parvient qu’à effleurer les lisières de toutes ces régions subtiles. Chaque morceau fonctionne bien, avec quelques clins d’œil à Anathema ou des développement basse-batterie-guitare particulièrement hypnotiques (« Awareness »), mais, tandis qu’on s’emporte, songeant joyeusement à The Dark Side Of The Moon, le mouvement s’interrompt, violemment, pour s’enchaîner sur des compositions plus classiques, très rock françaises un peu mollassonnes.
Les sept titres de cet album contiennent de véritables pépites, de petits instants musicaux, très harmoniques, qui malheureusement sont trop brefs, parce qu’enveloppés dans une gangue rocailleuse d’un rock devenu à la longue pénible et un tantinet ressassé. C’est vraiment dommage, car tous ces gravillons, toutes ces pierrailles nuisent à un ensemble dont, finalement, on ne retient que l’hétérogénété et une certaine forme de banalité.