Alex Ehrsam - Djaz_Dtox
Sorti le: 24/09/2008
Par Julien Damotte
Label: Autoproduction
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Djaz_Dtox est le premier album d’Alex Ehrsam, jeune guitariste originaire de l’Est de la France. Avant de rentrer dans le vif du sujet, il convient tout d’abord de saluer le courage et la détermination dont cet artiste a fait preuve en prenant la décision de sortir un album de jazz fusion instrumental, à l’heure où tout a déjà été prouvé dans ce domaine.
Outre cette audace assumée, le Strasbourgeois s’est également doté d’un bagage technique très impressionnant (les gammes et arpèges s’enchaînent à une vitesse déconcertante) et d’une parfaite connaissance du style qu’il défend. John Coltrane, Alan Holdsworth, Mike Stern ou Greg Howe sont des noms qu’Alex cite volontiers quand il parle de ses influences, et force est de constater que ces grands noms ont bel et bien marqué la culture du Français. De plus, Alex Ehrsam a le mérite de tout faire lui-même, si l’on excepte les quelques interventions d’invités ça et là.
Cependant, à moins d’être un inconditionnel de ce style si alambiqué, il faudra une bonne dose d’aspirine à l’auditeur lambda pour venir à bout de cet album tant la musique est complexe et les tonalités diverses. Du jazz fusion, Alex n’a retenu que le côté décousu et dissonant du style, et les rares interludes « mélodiques » (notez l’usage des guillemets) ne parviennent pas à rendre le plat plus digeste. Si l’on ajoute à cela une production plus que moyenne bien que convenable pour un disque autoproduit et une boîte à rythme aussi répétitive que rudimentaire (à l’heure où les logiciels offrent des rendus beaucoup plus réalistes et sont à la portée de tous), il est fort probable que ce disque ne permette pas d’atteindre les objectifs fixés.
Si son effort est louable et ses choix artistiques totalement respectables, pour son premier pas dans le monde des grands, Alex Ehrsam n’a pas pu (ou pas voulu) éviter les sempiternels écueils qui barrent la route des guitaristes instrumentaux : trop de démonstration technique (pas si convaincante que ça), peu de mélodies mémorisables, une section rythmique étouffée par une guitare sur-mixée et une production peu valorisante. Un album à réserver aux aventuriers du Shred perdu…