The D Project - The Sagarmatha Dilemma

Sorti le: 18/07/2008

Par Christophe Gigon

Label: Disques Modus

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The D Project est le « nom de code » de l’énième projet dans lequel s’implique l’infatigable stakhanoviste du rock progressif, le Québécois Stéphane Desbiens ( Sense, Mélia, Red Sand, Rose Nocturne, etc…). The Sagarmatha Dilemma est le second album de cette nouvelle entité progressive, deux ans après Shimmering Lights. Stéphane Desbiens est connu comme le loup blanc dans la Belle Province, au même titre que Jean-Pascal Boffo en France ou Clive Nolan pour le Royaume Uni. Incontournable. Guitariste, claviériste, chanteur, arrangeur et producteur notoire, l’ami Desbiens se donne corps et âme à la cause progressive. Saluons cette pugnacité courageuse. Outre ce multi-instrumentiste, The D Project, se compose de musiciens québécois connus du milieu. Signalons également la présence remarquée sur cet album de Stuart Nicholson (Galahad) et de Brett Kull (Echolyn) sur le morceau-titre ainsi que de Derek Sherinian (ex-Dream Theater, ex-Alice Cooper Band et j’en passe) sur « Radio Sherpa ». Ainsi entouré, Stéphane Desbiens ne pouvait pas se permettre de jouer les bras cassés ! Loin s’en faut ! Pour ceux qui ne connaîtraient pas l’oiseau, sachez tout de même que notre homme a vingt-cinq ans de guitare dans les pattes et qu’il n’est, et de loin, pas fraîchement tombé du nid ! D’ailleurs, le studio Foy Design, au Québec, a créé une « arme de guerre » spécialement conçue pour Stéphane et son projet : une magnifique six-cordes au design outrancier et au son tout bonnement à couper le souffle (voir démonstration sur le site). Amis de David Gilmour (Pink Floyd), Steve Rothery (Marillion) ou Nick Barrett (Pendragon), vous n’en croirez pas vos oreilles !

Ce second disque du D Project est heureusement beaucoup moins technique et ardu que son prédécesseur, et donc plus accessible. Plus mélodique aussi. Donc plus intéressant également. Presque envolées les digressions jazzées parfois soûlantes. Ici, foin de démonstrations stériles, que du beau rock mélodique et progressif chanté. L’ombre du grand Floyd (période The Division Bell ou A Momentary Lapse of Reason) plane sur tout l’album. Le jeu de guitare de l’ami Desbiens, s’il est nettement plus technique, doit beaucoup à David Gilmour et à Steve Rothery. A ce titre, le morceau d’ouverture, (« Closer To My Soul, Closer To Heaven ») interprété avec le nouveau joujou de notre prodige canadien (la guitare ASL 304) est à tomber à la renverse. Et c’est parti pour près de dix minutes de voyage avec un chant et des choeurs directement transposés des derniers albums de la bande à Gilmour. Avec le second titre, majestueux en diable, on se croirait chez IQ, mêmes arpèges de guitare acoustique cristallins et même chant envoûtant (Stuart Nicholson n’est pas invité pour rien !) puis la cavalcade à la rythmique asymétrique typique du groupe britannique. Rassurez-vous, chaque titre ne se contente pas d’être un hommage appuyé aux formations mythiques du genre même si l’écoute des albums de Pink Floyd, Genesis, IQ, Marillion et Pendragon a dû passablement imprégner le cortex de Stéphane Desbiens. Pour notre plus grand bonheur, il faut bien le dire. Un magnifique album. Seul le trop démonstratif « Radio Sherpa » gâche un peu le tout.

Un superbe disque de rock progressif qui plaira tant aux amateurs du genre qu’aux férus de six-cordes. (Quel guitariste que ce Stéphane Desbiens !) Certes, la seule touche d’originalité réside dans le jeu et le son, résolument modernes, adoptés par le maître du jeu. Le reste n’est en rien innovateur. Mais que vaut le reste quand le plaisir est si grand ? Un régal.