Beardfish - Sleeping in Traffic : Part Two
Sorti le: 02/06/2008
Par Jérémy Bernadou
Label: InsideOut Music
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Décidément, ce groupe de joyeux suédois continue à sortir des albums plus vite que son ombre… Voici donc leur quatrième disque en cinq ans, excusez du peu ! Et une fois de plus, la galette est remplie à ras bord. Beardfish nous propose pendant soixante-quatorze minutes une refonte du progressif des seventies, agrémentée d’un humour, d’un sens de la mélodie et des structures assez imparables. C’est justement grâce à ces particularités que le groupe se détache du nombre incalculable de formations qui s’autoproclament « progressives » sans pour autant proposer quelque chose de surprenant.
Beardfish va justement de plus en plus loin musicalement pour parvenir à se forger une identité. Les sonorités typiquement « années soixante-dix » sont plus que jamais à l’honneur, entre les interventions d’un orgue Hammond d’une vigueur à faire pâlir les icônes des décennies passées, et des parties de guitare qui font la part belle aux variations bien senties ne lésinant pas sur les effets. Le chant de Rikard Sjöblom est également étonnant de maîtrise : en évitant les lignes haut perchées, ce dernier parvient à étendre d’autant plus son registre. Tous ces choix judicieux permettent aux compositions de trouver un juste équilibre. La structure des morceaux est constamment remise en question grâce à des partis pris laissant libre cours aux excentricités de chacun des membres. Ainsi, de nombreux passages détonnent par leur singularité, comme les couplets pop de « Into The Night » ou la partie centrale de « South of the Border » et ses guitares crimsoniennes. Bref, ces éléments trouvent leur place dans un ensemble propice aux incartades, sans pour autant lorgner vers le collage de structures. Tout s’enchaîne naturellement, avec ce sens du groove qui caractérise le groupe. Le plat de résistance de ce disque reste tout de même le morceau-titre « Sleeping in Traffic », qui tout au long de ses trente-cinq minutes (!) parvient à synthétiser tout ce que le groupe fait de mieux.
Certes, la formule du « poisson à barbe » existe déjà depuis plusieurs albums, mais leur personnalité s’affirme et s’affine de disque en disque. Les amateurs de la formation se retrouveront en terrain connu, bien que le groupe ait tendance à aller toujours plus loin, ce qui donne des compositions plus touffues et alambiquées. Ceux qui sont déçus par les derniers Flower Kings, ou qui recherchent un esprit proche d’un Gentle Giant actualisé risquent fort de trouver la musique de Beardfish des plus intéressantes !