Guapo - Elixirs

Sorti le: 28/04/2008

Par Christophe Manhès

Label: Neurot Recordings

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Six albums auront été nécessaires pour aboutir à la splendeur de Elixirs. Pour Guapo, c’est autant d’efforts d’assainissement. Alors que chez eux l’écriture musicale semble au centre de leurs préoccupations, force et subtilité n’ont pourtant pas toujours fait bon ménage. Comme un mirage, la délicate réussite de cette fusion semblait échapper à leurs ambitions.

Sorti en 2006, l’EP Twisted Stems allait pourtant mettre l’eau à la bouche. En proposant un raffinement inédit et des influences plus variées – tournées vers le RIO d’Univers Zero et d’Art Zoyd, vers le post rock et même l’exotisme oriental –, la musique de Guapo perdait de son embonpoint pour atteindre la taille de guêpe d’une élégante à la beauté raffinée.
Deux ans plus tard arrive donc cet Elixirs qui est la démonstration que Guapo transmute désormais le plomb en or mais sans perdre de son magnétisme insolite et tourmenté, presque gothique, largement teintés de psychédélisme. La substance du groupe est devenue plus souple et brille maintenant de milles détails qui raviront les plus attentifs à cette œuvre au noir. L’album est également le fruit mûr d’un arbre étoffé. En plus d’un nouveau bassiste — Matt Thompson —, vient s’ajoute désormais le guitariste Kavus Torabi. Et il faut croire que ces évolutions ont été salutaires. Mieux épaulé, le jeu de Daniel O’Sullivan a eu le temps de mûrir et de s’aérer. Avec un style plus varié et efficace, moins prog-hero, le musicien délivre sur Elixirs une oraison funèbre enrichie d’ornements encore inédits dans la musique de Guapo. Mais c’est surtout le travail à la batterie et aux percussions de Dave Smith qui surprend en prenant une dimension vraiment peu commune. Sa partition et sa prestation y sont simplement étourdissantes !

En dehors des impressionnantes qualités de cet album, Guapo démontre finalement que la flamme progressive est loin d’être éteinte. Elixirs contient tout ce qui fait l’identité du genre : de longues plages, une richesse instrumentale peu commune, une belle complexité d’exécution comme d’écriture et un grand style, résolument tournés vers l’avenir, sans la moindre trace de nostalgie. Quarante ans après, une nouvelle impulsion créatrice vient d’être donnée. Après Kayo Dot et Sleepytime Gorilla Museum, il va sans doute falloir compter également sur Guapo pour nous enivrer avec ses Elixirs.