L'ocelle mare - Porte d'Octobre

Sorti le: 07/04/2008

Par Christophe Manhès

Label: Souterrains-Refuges / Orkhestra

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L’Ocelle Mare est le projet d’un seul homme, Thomas Bonvalet, guitariste de feu Cheval de Frise. Sans se tromper, on peut classer ce scrutateur de la modernité dans la famille des téméraires qui vont sans fléchir au bout de leurs expérimentations : pour eux la musique dépasse le divertissement et atteint l’art qui devient le « petit véhicule » idéal pour atteindre l’absolu.

Seconde tentative de notre audacieux, Porte d’Octobre a la forme inconnue d’une succession minimaliste de pièces concrètes jouées par un « folkeux » post-moderne. Mais c’est surtout la trace brute, brève, quelquefois inégale, d’une ambition sincère et ingénieuse. Avec une simple guitare acoustique, des riens et des lieux, avec un micro posé selon l’inspiration, Thomas Bonvalet travaille le chaos comme un artiste contemporain les débris pour trouver de la lumière et de la vie là où il devrait ne plus y en avoir. Bousculant les habitudes d’écoute, ces sept portes ouvrent sur un paysage sonore d’un autre type où l’écho et le silence autant que la musique font partie du tout. Et souvent, effectivement, derrière l’aridité perce quelque chose de réellement palpitant.

Pour décrocher la flamme de l’inspiration, corollaire de toute expérience musicale de ce type, le risque est de donner à ses tentatives une allure parfois plus ébauchée qu’assurée. Cet album ressemble davantage au calepin de notes d’un savant fou, griffonnant avec génie (« Porte d’Octobre 2 » et « Porte d’Octobre 3 » par exemple sont des pièces réellement marquantes) mais parfois aussi avec maladresse (« Porte d’Octobre 6 » et « Porte d’Octobre 7 »).

Ce mini-album d’à peine vingt-cinq minutes en déstabilisera plus d’un. Dans ce grimoire d’une poésie sombre et d’une résonance moderniste totalement étrangère aux poncifs, L’Ocelle Mare a le talent de transfigurer dans un langage neuf des ingrédients familiers. Poème urbain, Porte d’Octobre est d’une expression souvent belle et troublante mais reste destiné aux plus aventuriers qui y trouveront les éclats originaux et vivifiants dont ils aiment se nourrir.