Steve Jansen - Slope

Sorti le: 24/03/2008

Par Christophe Manhès

Label: Samadhisound

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Impossible de résumer la carrière de Steve Jansen. Cela fait plus de trente-cinq ans maintenant que le bonhomme a emprunté le chemin de la pop dandy sans jamais le quitter. Depuis Japan où Steve jouait avec son célèbre frère David Sylvian et Richard Barbieri (aujourd’hui clavier de Porcupine Tree), Steve a sorti sous son seul nom pas moins de dix albums. Et l’on ne compte plus ses nombreux side project à géométrie variable. Slope peut être donc vu comme l’occasion de répondre à cette question : comment, quand on a fait l’actualité des magazines pop branchés de la fin des années soixante-dix, est-il possible d’exister artistiquement dans la première décennie du 21ème siècle ?

Rappelons que juste après l’impulsion donnée par les Allemands de Kraftwerk au milieu des années soixante-dix, Japan fut parmi les premiers dans la pop à utiliser les synthétiseurs et les boîtes à rythme. La New Wave était née.
Par rapport à cette époque charnière, Slope représente, une réelle continuité dans le changement. On retrouve encore cette même volonté de sophistication à la limite de la préciosité. Mais aujourd’hui les atours sont nettement plus art rock et donc l’écriture musicale bien plus ambitieuse. Résultat, les structures sont libérées des canons pop d’antan donnant aux titres comme un scintillement aléatoire de feux follets.

Cadencé de mélodies aussi légères que des bulles de savon, l’album alterne chansons et instrumentaux sans fautes de goût et avec une distinction proche de groupes comme No-Man ou, dans une moindre mesure, Talk Talk. De plus, en véritable sorcier bienfaisant, le travail à la production de Steve Jansen apporte un foisonnement de détails peu communs. La musique en resplendit d’une vie et d’une beauté rare. Rehaussé par les voix chaudes et assurées d’Anja Garbarek et David Sylvian, Slope en devient un formidable spectacle vivant à l’élégance aussi discrète que touchante.

Entre pop «arty» et performance studio, impossible de retirer à Slope un certain génie. Tout le talent de Steve Jansen est d’avoir conçu la technologie comme une vraie libération dont il profite pour concrétiser ses velléités de poète musicien. Si Steve Jansen n’est pas un précurseur (Radiohead, Palomo Vinuesa ou Peter Gabriel sont d’un autre tonneau), il prouve néanmoins que trente cinq ans après ses premiers efforts, il ne s’est pas accroché au temps avec nostalgie, il l’a accompagné, rien que pour le meilleur et sans se trahir.