Greg Théveniau - La vie est un poulpe
Sorti le: 24/03/2008
Par Jérôme Walczak
Label: 12 Productions
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« Gaspflouiiiiiiiiiiiirtz » ! C’est le bruit que devrait faire un poulpe normalement constitué emberlificoté dans une platine laser. N’ayez crainte, ami des bêtes, l’animal, au demeurant peu ragoûtant, est ici bien traité ! Le céphalopode conceptualisé par Greg Théveniau, c’est en effet plus de quarante minutes de dynamisme et de secousses. C’est un jazz construit, faisant éclater au grand jour un professionnalisme évident et susceptible de contenter le néophyte ou celui que ce style pourrait effrayer de prime abord (comme le poulpe dégoûte le délicat baigneur, au demeurant…). Que reproche-t-on en effet parfois au jazz ? Que c’est toujours la même chose, que c’est parfois triste, un peu monotone, trop marqué, même parfois un peu complexe et élitiste. Théveniau balaie ces idées réductrices et s’en empare pour les balancer tentaculairement à la face des Trissotins les plus irraisonnés. Avec ses quatre comparses (Hervé Humbert, Nacim Brahimi, Bruno Ruder et Eric Prost), et en seulement une journée, il enregistre brillamment son hymne, sa devise, sa force. Le jazz, c’est peut-être être tout ce que vous dites un peu trop rapidement, nous répond-il, mais le jazz, jeune mirliflore, avant tout, c’est tout simplement… la vie !
La vie qui groove, la vie qui pulse, un déhanché funky, une vie qui frétille et erre, passant de vague en vague, de courant en courant, et nous invitant au voyage et à l’évasion. Théveniau est un excellent bassiste ; il charpente admirablement ses compositions construites et structurées (peut-être un brin un peu trop homogène…), non dénuées d’humour. Prost est un virtuose du saxophone et de son côté, il accentue les ambiances, les approfondit, vient les modeler comme on modèle de la terre crue, et ajoute de la couleur sur une toile parfaitement coordonnée par le tentacule en chef. L’image qui vient à l’esprit, c’est un dessin animé, et une petite pieuvre goguenarde qui joue de multiples instruments, au fond des abysses, en laissant monter des mélodies péchues, vivantes, vives et belles à la surface des flots. Si la vie est un poulpe, ce dernier est terriblement séduisant !