The Wrong Object - Stories from the Shed

Sorti le: 10/03/2008

Par Jérémy Bernadou

Label: Moonjune Records

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Après plusieurs disques en collaboration avec des artistes renommés de la scène du jazz et de l’avant-garde tels que Elton Dean (Soft Machine), Annie Whitehead (Robert Wyatt) ou Harry Beckett, ces belges se décident enfin à sortir leur premier véritable album, six ans après leurs débuts. Il n’est pas surprenant de voir que les musiciens de The Wrong Object possèdent un solide bagage musical, tant la technique est mise au service de la mélodie. Le groupe sonne de manière très particulière, grâce notamment au rôle important alloué aux cuivres. En effet, la trompette de Jean-Paul Estiévenart et le saxophone ténor de Fred Delplancq tiennent souvent la première place, et guident la construction des morceaux d’une très belle manière. Ils mettent en relief l’influence jazz indéniable du groupe, mais permettent aussi une mise en valeur des autres instruments, pour un dynamisme qui se rapproche très souvent du rock. La variété des timbres est ainsi un argument important pour The Wrong Object, ce qui leur permet d’assurer une assise confortable aux compositions.

Michel Delville, le principal compositeur de la formation, officie aux guitares et tient un rôle principalement rythmique. On peut rapprocher son jeu de celui du regretté Yan Hazera (Sotos, Zaar) qui jouait de la même manière avec les sonorités, entre jazz aventureux et rock progressif expérimental. Autre détail rare pour ce genre : le groove ! La batterie et la basse sont parfaitement complémentaires, et les compositions y gagnent énormément en fraîcheur et en vivacité. Le fait que ce disque ait été enregistré sans aucun overdub y est aussi pour beaucoup : les sections des titres s’enchaînent naturellement, tout en laissant du répit à l’auditeur grâce à des passages plus atmosphériques (« Rippling Stone ») sans pour autant sonner hors propos.

Bien que l’ensemble reste très élaboré, tout y apparaît fluide. La variété des ambiances se reflète sur beaucoup de morceaux, comme ce « Malign Siesta » qui entraîne peu à peu l’auditeur dans une course folle à la cohérence rythmique éblouissante. Même si les compositions ne sont pas exagérément longues, les musiciens parviennent à faire évoluer leur jeu à l’intérieur même de celles-ci, et ce sont ces nuances maîtrisées qui font de ce Stories from the Shed un album indispensable pour les amateurs de musique « vivante ». Rares sont les formations qui maîtrisent un langage aussi personnel dès leur premier album. Ces belges sont là pour nous prouver que tout n’est pas encore dit en matière d’expérimentations en tous genres. Bref, il faudra suivre leur cas de très près à l’avenir, car la marge de progression reste importante, malgré la grande qualité de ce premier album.