Ange - Zénith an II
Sorti le: 24/12/2007
Par Jean-Philippe Haas
Label: Musea
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Trente ans ! Trente ans d’existence discographique ! Voilà ce que qui se fête au Zénith ce beau soir d’octobre 2002. Sur la tournée du nouvel album Culinaire Lingus, sorti l’année précédente, Ange fait escale dans la salle parisienne pour un concert très particulier, l’occasion de clamer haut et fort que le rock théâtral est toujours vivant.
Les enregistrements live de la troupe à Décamps se suivent avec une impressionnante régularité et… ne se ressemblent pas. Alors que Le tour de la question vient à peine de sortir, voici que Musea propose ce double album, reproduisant une partie d’un concert-événement qui dura plus de trois heures. C’est un casting de rêve qui joue ce nouvel épisode discographique. Outre certains membres historiques comme Daniel Haas, le groupe est accompagné par Norbert Krief (Trust), Francis Lalanne ou encore Jean-Pascal Boffo. Chacun apporte sa contribution à un concert dont le public comprend dès l’étonnant « Nonne assistante à personne à Tanger » qu’il sera à la hauteur de ses espérances.
La liste des titres a naturellement été adaptée à l’événement. C’est quasiment toute sa carrière que le groupe balaie, de « Docteur Man » (figurant sur la réédition de 1999 du premier album de 1972, Caricatures) à Culinaire Lingus, inégal mais dont quelques-uns des meilleurs titres sont joués ici, comme un « Cadavre exquis » à trois voix ou l’inquiétant « Jusqu’où iront-ils ? », interprété dans une version très emphatique. L’emphase, on la retrouve tout particulièrement sur les morceaux mythiques que sont « Le bal des Laze » (magnifiquement interprété par Tristan Décamps), « Ode à Emile », « Sur la trace des fées », « Au-delà du délire » ou encore « Ces gens-là ». La poésie et la conviction l’emportent sur les quelques imperfections vocales de Christian Décamps. On lui pardonnera aisément ces petites faiblesses, considérant la longueur du concert et la difficulté que représentent certains titres composés dans les années soixante-dix ! Soutenu par Caroline Crozat et le fiston Tristan, Décamps délivre une performance des plus honorables, bourrée d’énergie.
Cette énergie, on la doit aussi aux musiciens, dont la performance donne une coloration éminemment rock à ce concert. Ange est plus percutant que jamais, la section rythmique animée par Hervé Rouyer et Thierry Sidhoum y est pour beaucoup. Irréprochable, Hassan Hadji survole le show de son toucher très expressif, qui explose sur ses soli (« Le Ballon de Billy », « Au-delà du délire »… et bien d’autres !). Et que dire de ce bonus, « Autour d’un cadavre exquis », pendant lequel on assiste à une exceptionnelle joute de guitaristes !
Dans la collection très inégale des albums en concert d’Ange, où ranger ce Zénith an II ? En bonne place, à vrai dire. Le casting rend l’investissement quasi-obligatoire, mais la performance se suffit à elle-même pour faire de ce témoignage public une nouvelle référence incontournable dans l’impressionnante discographie du groupe.