Pink Floyd - Animals

Sorti le: 17/12/2007

Par Djul

Label: EMI

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Contrairement à ces deux prédécesseurs, Dark Side of the Moon et Wish You Were Here, Animals n’est pas resté dans les mémoires du grand public, qui semble oublier qu’entre 1975 et 1979, Pink Floyd a sorti un album. Mais quel disque ! Intercalé entre Wish… et ses chansons longues et accrocheuses et The Wall avec ces titres sombres et ses refrains écorchés et vindicatifs, Animals est ni plus ni moins le chaînon manquant remisé aux oubliettes. Creusons donc un peu ce disque.

Enregistré très rapidement à la fin de l’année 1976, Animals voit la mainmise de Roger Waters sur le groupe s’étendre un peu plus. Il est désormais à l’origine du concept de l’album – la dégénérescence de la société moderne vue à travers plusieurs allégories animalières inspirées par Animal Farm de George Orwell –, des paroles, et de la quasi-totalité de la musique (sauf Dogs co-écrite avec Gilmour). Pour l’anecdote, le groupe commence d’ailleurs à en souffrir, le processus d’écriture de The Wall stigmatisant un peu plus cet état de fait. Sorti en pleine explosion du punk, Animals n’est absolument pas hors contexte. Au contraire, ses paroles pessimistes sont une excellente illustration pour le slogan no future.

La musique ne dépareille pas. Introduit et conclut par des petites pièces acoustiques cyniques à souhait, « Pigs on the Wing », les trois titres de l’album sont particulièrement longs mais, et c’est remarquable, sont immédiatement mémorisables, grâce notamment à des structures ingénieuses et des refrains imparables. A noter que Waters se sert de plusieurs titres non utilisés pour Wish You Were Here, et joués live lors de la tournée française et américaine de 1974, comme base de travail. « Dogs » est sur ce point exemplaire, avec un démarrage relativement lent, pour une chanson finalement très rythmée, et un final anthologique où Waters questionne l’auditeur et le remet en cause.

La deuxième face du disque est donc composée de deux titres. « Pigs » étonne par sa rythmique presque funky, mais aux accents toujours très sombres et malsains. Waters se déchaîne à nouveau au chant, avec une variété étonnante dans les modulations de sa voix (très graves sur certaines transitions, à la limite de la rupture à la fin du refrain) avant que Gilmour ne se lance dans un solo furieux (du même niveau que celui qu’il jouera, par exemple, pour « Confortably Numb ») cadencé par une section rythmique en pleine convulsion. « Sheep » est un peu être le morceau le plus « faible » des trois, mais ne dépareille pas avec ses deux prédécesseurs, l’occasion pour nous de noter l’incroyable homogénéité de ce disque, à tous les niveaux : paroles, son, ambiance.

Au final, Pink Floyd a métamorphosé des titres de plus anciens en morceaux sombres et désespérés, prélude à The Wall. Il est d’ailleurs frappant de noter que c’est à la suite d’un incident lors de la tournée qui suivit (un fan lui cracha au visage) que Waters a trouvé l’inspiration pour composer ce qui deviendrait l’hymne de toute une génération.