Sigh - Gallows Gallery (rééd.)

Sorti le: 26/11/2007

Par Jean-Philippe Haas

Label: The End Records

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Pionnier du black metal japonais (non non, vous avez bien lu), Sigh s’est très vite affranchi des codes et contraintes du style pour enfanter d’une engeance plus progressiste. En 2007, The End Records, antre de l’étrangeté musicale, accueille les japonais fous et leur nouvel album Hangman’s Hymn. Pour fêter cet événement, le label américain réédite leur précédent album, Gallows Gallery.

Si la composante black metal a quasiment disparu de Gallows Gallery, il subsiste de fortes gimmicks heavy metal dans les mélodies, les rythmes et les soli de guitare. Hormis le chant très particulier, une grande partie des titres respecte ainsi totalement les canons de la New Wave of British Heavy Metal. Mais qu’on ne s’y trompe pas : Gallows Gallery n’est en rien un album de heavy metal standard car si Sigh s’est quelque peu assagi depuis Imaginary Sonicscapes (2001), le groupe a conservé les ingrédients de sa recette si originale : passages atmosphériques/psychédéliques, utilisation du saxophone, de cloches, de synthétiseurs old school, maniement de l’humour et de la grandiloquence kitsch. Le véritable changement se situe dans les vocaux, qui risquent de déstabiliser autant celui qui suit le groupe depuis ses débuts que le nouveau venu. Imaginez une chorale composée d’un crapaud, d’un canard et d’un perroquet, chantant tous trois dans un anglais nippon, et vous obtiendrez une idée assez précise du chant de Gallows Gallery. On adhère avec enthousiasme ou on se dirige immédiatement vers une boutique de disques d’occasion. Cette dernière option est malheureusement la plus réaliste, car l’inefficacité du remaster est flagrante : Gallows Gallery est crucifié par sa production. Déjà calamiteuse à l’origine, elle reste honteusement fluette. Le rendu de la guitare rythmique et de la batterie est digne du travail d’un ingénieur du son stagiaire victime d’acouphènes. Sans compter le mixage, aussi équilibré qu’un match de football Brésil – Iles Féroé. Un tacle bien rude pour cet album qui aurait mérité un autre traitement.

Les titres supplémentaires exhumés pour l’occasion seront une maigre consolation. Une version growl de « Pale Monument » (peut-être le bonus le plus intéressant pour les fans de la première heure) et quelques variantes d’autres titres ne parviendront sans doute pas à faire oublier le désastre sonore. Cette réédition pourra remplacer la version précédente dans une collection mais ne rameutera en aucun cas de nouveaux amateurs. Laissons à Hangman’s Hymn le soin d’accomplir cette tâche.