Oceansize
24/11/2007
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Par Djul
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CONCERT : OCEANSIZE
Mine de rien, cela faisait deux ans que nous n’avions pas eu l’occasion d’assister à un concert d’Oceansize en tête d’affiche à Paris. En effet depuis octobre 2005, date de leur passage au Nouveau Casino, seule une courte première partie de Porcupine Tree nous avait donné une occasion de les revoir en 2006. Nous avions oublié à quel point cela nous manquait ! Set-list : Introduction – Commemorative 9/11 T-Shirt – Unfamiliar – Remember Where You Are – Trail of Fire – Savant – Catalyst – Sleeping Dogs and Dead Lions – Women Who Love Men Who Love Drugs – Homage to a Shame – Music for a Nurse – Rappel : Paper Champion – Ornament / The Last Wrongs C’est un mois après le passage de leurs amis de Biffy Clyro dans cette même salle qu’Oceansize revient. Mais pas avant d’avoir laissé deux premières parties chauffer son (éclectique et grandissant) public. C’est à The Boxer Rebellion d’ouvrir le bal, avec une musique très inspirée par Interpol et Coldplay. Si les grosses ficelles du genre sont employées jusqu’à épuisement (voix plaintive qui rappelle Jon Crosby de VAST, utilisation outrancière du charley, guitare stridente en roue libre), l’ensemble est de bonne tenue et finalement de qualité. D’ailleurs, ce constat s’impose lorsque Sion investit la scène avec son « emocore pour jeunes puceaux sauvages à mèches ». Le quintet a de l’énergie à revendre, c’est certain… mais c’est à peu près tout. Malgré de bonnes idées, souvent piquées à Oceansize d’ailleurs, l’interprétation très « tecktonik » de l’ensemble ainsi que des passages presque pastiches issus de la scène hardcore prêtent à sourire. Notons que Mike Vennart saluera un peu plus tard « ses amis gay » des deux premières parties, sans doute un brin d’ironie à l’attention de la jeune génération décidemment très portée sur le « staïle » ! Il faut donc attendre plus d’une heure et demie avant de voir les mancuniens entrer sur scène, au son d’une introduction électronique qui leur permet de se placer avant « Commemorative 9/11 T-Shirt », le titre de « mise en condition » de Frames, comme le fut « The Charm Offensive » sur l’album précédent. L’occasion d’apprécier – plus que sur la version studio – le passage final sur lequel Mike Vennart assisté de Steve Durose font merveille au chant. Premier éclat de voix avec « Unfamiliar », titre accrocheur malgré sa composition en tiroirs, où le travail à trois guitares est mis en avant. D’ailleurs, on note que la répartition des rôles entre les trois six-cordistes reste la même : les mélodies pour Durose, les arpèges et sonorités trafiquées pour Gambler, le doublage des rythmiques pour Vennart. Contrairement au dernier concert du groupe, la set-list est très équilibrée, ce qui s’explique aussi parce que le groupe joue désormais plus longtemps (une heure cinquante environ). C’est ainsi que ce sont trois extraits du magnifique Effloresce qui sont interprétés : outre le « classique » « Catalyst » (qui jetait dès 2003 les bases du son Oceansize), les fans parisiens ont pu redécouvrir le schizophrène « Remember Where You Are » et l’émouvant « Women Who Love Men Who Love Drugs », un morceau qui montre que le groupe n’a pas commencé à flirter avec le post-rock en 2005 mais dès son premier essai. Les autres titres entendus à la Maroquinerie forment un « savant » mélange de fureur et de douceur. Fureur d’abord, avec le très attendu « Trail of Fire », sans doute le futur porte-drapeau du groupe : Gambler délaisse un moment sa guitare au profit de claviers avant que la salle entière ne s’abandonne au final tellurique de ce morceau, à peine atténué par la voix de Vennart qui lâche un peu. Deux autres titres déchaîneront les foules, comme le petit nouveau « Sleeping Dogs and Dead Lions », dont le riff à trois guitares, joué avec des attitudes détachées, créant un amusant et total décalage avec le mur du son délivré par le trio. « Homage to a Shame » est également au rendez-vous, mais sera malheureusement l’occasion d’assister à un incident comme on en voit peu dans des concerts chroniqués dans nos pages : une rixe… . Mike Vennart sera d’ailleurs à deux doigts d’arrêter le titre pour stopper les belligérants, qui continueront hélas dehors une fois le concert terminé. Heureusement, la musique adoucit les mœurs, en tous cas celles des membres les plus civilisés de l’assistance et « Music for a Nurse » (bien nommé vu les circonstances !) arrive à temps, et permet à chaque musicien de sortir au fil de cette magnifique berceuse, laissant seul le batteur achever les dernières rythmiques. C’est nouveau : Oceansize fait des rappels ! Et pour l’occasion, les Anglais nous sortent deux belles surprises. La première, et la plus inattendue : « Paper Champion ». L’interprétation de ce morceau perdu sur le mini-album Music for Nurses avait été avortée en 2005 pour cause de bande sonore qui refusait de démarrer : le tort est désormais réparé et on prend plaisir à écouter ce titre décalé, lent et assez glauque, qui confirme, s’il en était besoin, la nature très protéiforme du talent du groupe. Le concert s’achève sur le monumental « Ornament / The Last Wrongs », une montée en puissance qui part des ténèbres vers la lumière, fragile et triste puis glorieuse et déchaînée ensuite. Une palette d’émotions à l’image du groupe majeur qu’est désormais devenu Oceansize. Djul site web : http://www.oceansize.co.uk |