KBB - Proof of Concept
Sorti le: 15/11/2007
Par Jérémy Bernadou
Label: Poseidon
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Dans la famille des Japonais prolifiques, Akikisa Tsuboy se taille une place de choix. Ce violoniste officie dans plusieurs formations instrumentales axées sur le jazz-rock progressif, telles que Pochakaite Malko et KBB dont il est question dans cette chronique. Proof of Concept est seulement leur troisième album studio, quinze ans après la création du groupe. Il reste fidèle à leur tradition, c’est-à-dire efficace, racé, mais sans réelle surprise à l’horizon.
En effet, contrairement à la majorité des sorties du pays du soleil levant, le résultat n’est pas totalement débridé, loin du concentré de folie habituel. En évitant soigneusement les principaux clichés des groupes japonais, les musiciens parviennent à conserver l’attention de leurs auditeurs tout au long des cinquante-cinq minutes que dure l’album.
L’ensemble des titres adopte un schéma similaire, cherchant à fusionner le jazz-rock des seventies et le rock progressif moderne. Cependant, au lieu d’utiliser au maximum les possibilités de son instrumentation, le groupe se contente de donner un rôle prédéfini à chaque musicien. Akihisa, le compositeur principal, ne cherche pas à se mettre en avant, et fait surtout entendre son violon virtuose dans les passages les plus apaisés. Au contraire, la guitare électrique prend souvent la première place, et malgré l’apport d’une dynamique profitable, elle a trop tendance à ne pas laisser respirer l’ensemble. Les sections denses et lourdes ne sont donc pas assez homogènes pour garantir une pleine efficacité. Une plus grande prise de risque aurait été profitable, au regard du potentiel et du bagage technique de la formation.
Ceci dit, la fusion pratiquée par KBB tient la route, et reste fondamentalement attrayante. Un titre comme « Lagoon Nebula », grâce à son aspect plus aventureux que les autres, se démarque d’une belle manière. Ces japonais ont aussi eu la bonne idée d’intégrer quelques éléments du folklore local, mais dans une proportion trop faible pour faire de cette initiative une facette dominante de leur personnalité. Ils ont aussi tendance à mettre leur dextérité en premier plan, notamment dans les passages fusion les plus techniques. Leur goût pour les tempos rapides, comme sur la partie centrale de « Stratosphere », gâche en partie le rendu final.
Ce Proof of Concept ne restera très certainement pas dans les annales du rock japonais, mais s’avère plaisant pour une écoute sans prise de tête, permettant de passer un bon moment en compagnie de bons musiciens. Un disque de plus dans l’océan tumultueux des sorties japonaises, qui au moins a le mérite de s’en sortir convenablement.