Erik Baron et d-zAkørd - De Futura (Hiroshima)
Sorti le: 05/11/2007
Par Jérémy Bernadou
Label: Musea
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Il existe toujours en France des groupes talentueux qui vont constamment au delà des étiquettes, cherchant à créer un vocabulaire nouveau à chaque sortie. En stimulant ainsi au maximum ses musiciens, Erik Baron, bassiste en chef du groupe, a reconduit pour cet album une formation surprenante, pour aller jusqu’au bout de ses ambitions. En effet, les Bordelais de d-zAkørd (anciennement appelés DésAccordes) ne sont pas moins de six bassistes, six guitaristes et un batteur, excusez du peu !
Après avoir repris le légendaire « In C » du compositeur Terry Riley à la sauce rock expérimental, Erik Baron et ses musiciens de d-zAkørd s’attaquent au non moins mythique « De Futura (Hiroshima) » de Jannick Top, présent sur l’album Üdü Wüdü de Magma. Remarquez tout de même l’ouverture d’esprit du groupe, qui reprend un titre zeuhl après s’être essayé avec autant de succès à la musique classique minimaliste !
Le gros morceau de ce disque, « De Futura (Hiroshima) », a été réarrangé et profondément remanié afin de passer à la « moulinette d-zAkørd ». Par rapport à la version originale, les tempos sont plus lents et la batterie, souvent en retrait, joue parfaitement son rôle sans jamais dominer les débats. Cette particularité peut surprendre les habitués de Magma et du jeu charismatique de Christian Vander, mais elle dénote aussi un travail d’arrangement intelligent, mettant en valeur les trouvailles du groupe. Les vocaux en kobaïen sont remplacés par des mélodies sursaturées jonglant entre les guitares et les basses, mais s’intégrant toujours à l’ensemble. Une atmosphère sombre et oppressante, représentant parfaitement l’univers de la formation, s’installe tout le long grâce à ces modifications. Malgré la présence des six bassistes, on ne retrouve pas le son écrasant si caractéristique de Jannick Top. Ceci dit, la volonté de d-zAkørd est ailleurs, ils ne cherchent pas à copier l’œuvre originale, et cela se ressent. Outre cette reprise marquante, le disque comprend « La musique des sphères », un autre morceau composé par Jannick Top, sublimé par des superpositions de samples et un travail remarquable de cohésion rythmique entre les intervenants.
Ceci dit, les musiciens ne se limitent pas à l’exercice difficile et exigeant de la reprise. En effet, trois compositions originales d’Erik Baron à dominante atmosphérique laissent la part belle aux dissonances en tout genre et aux harmonies audacieuses. En jouant le rôle de courts intermèdes, de tels morceaux permettent de laisser se reposer l’auditeur, aérant ainsi le disque. Leur rôle est donc déterminant dans l’appréciation de ce De Futura (Hiroshima), car c’est sa variété de timbres et de sonorités qui fait sa principale force.
L’album n’est pas réservé aux seuls fans de Magma qui seraient curieux d’écouter une telle adaptation. Avec d-zAkørd, Erik Baron a trouvé un moyen d’expression unique et personnel, susceptible de plaire à tous les amateurs de musiques aventureuses et différentes.