Alex Skolnick Trio - Last Day in Paradise
Sorti le: 15/10/2007
Par Julien Damotte
Label: Magnatude
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Le nom d’Alex Skolnick dit sûrement quelque chose aux plus métalleux d’entre nous. C’est normal, ce guitariste a officié de 1987 à 1993 dans Testament, un des groupes pionniers de la scène thrash. Et pourtant, c’est un album de jazz auquel nous avons affaire avec Last Day in Paradise. En effet, l’américain a entrepris d’abandonner le metal il y a quelques années pour apprendre le jazz dans une grande école de New York et depuis il ne jure plus que par ce style. Après un premier album très réussi car uniquement constitué d’adaptations jazz des standards du hard rock comme « Still Loving You » de Scorpions ou encore « Warpigs » de Black Sabbath, et un deuxième essai un peu moins convaincant, Alex Sckolnick semble encore éprouver le besoin d’explorer le jazz instrumental.
Malheureusement on se rend vite compte que Last Day in Paradise est un album de jazz instrumental traditionnel peu novateur et par conséquent peu intéressant même s’il est très bien exécuté. Nous sommes bien loin des standards du style comme Pat Metheny ou encore John Scofield pour ne citer qu’eux. Côté expérimentations, nous sommes bien loin également des élucubrations de Front Page, groupe exceptionnel évoluant dans le même registre et à côté de qui ce trio fait bien pâle figure. Les solos, à défaut de remplir le rôle central qu’ils devraient tenir, semblent improvisés et ne décollent jamais vraiment. Le fait qu’Alex vienne de l’univers metal aurait pu lui sauver la mise en évitant les clichés, en apportant d’autres types de gammes ou d’accords, et surtout de l’énergie, mais au lieu de ça chaque solo s’enlise un peu plus dans les sables mouvants de l’ennui. Seul sursaut d’intérêt, mais intervenant à la fin de l’album (il faudra avoir tenu jusque là !) : « Western Sabbath Stomp », non pas que ce titre soit très original, mais Alex Sckolnick semble avoir retrouvé sa pédale de distorsion. Quant à Nathan Peck à la contrebasse et Matt Zebroski à la batterie, ils sont tous deux d’excellents musiciens mais malheureusement, ils ne sortent pas davantage du lot.
Si le pari était de faire un bon album de jazz instrumental qui sonne comme un album de jazz instrumental, alors le pari en question est plus que tenu. Par contre, si le but d’Alex Sckolnick était d’amener l’auditeur vers de nouveaux territoires, Last Day In Paradise est un échec cuisant. Les seules véritables réussites, et c’est très révélateur, sont les reprises ! « Tom Sawyer » (Rush) revisité en jazz est un régal, tandis que « Revelation (Mother Earth) d’Ozzy Osbourne et « Practice What You Preach » (Testament) en version bossa sont adaptées avec beaucoup de goût. Les compositions sont par conséquent le point faible de l’apprenti jazzman, peut-être encore trop scolaire pour sortir du lot. Et pourquoi ne pas se remettre au metal ?